Le procureur général chargé des régions de Haute-Guinée et de la Guinée forestière, s’est exprimé au micro de l’antenne régionale de Mosaiqueguinee.com, ce mercredi, O9 octobre.
D’entrée, Yaya Kaîraba Kaba est revenu sur ce qui l’a motivé à choisir la magistrature comme profession.
« Merci pour l’opportunité que vous m’offrez pour regarder un peu, dans le rétroviseur. Très tôt, j’étais extrêmement sensible à l’injustice. Très tôt ! Et j’ai reçu une éducation familiale, comme on le dit souvent, de Maninka Mory, puisque je le suis. J’ai eu un père qui n’aimait pas du tout le mensonge. Quels que soient les faits, les fautes que vous commettez, si papa vous demandait, il faut avoir le courage de lui dire ‘’c’est moi qui ai fait’’, et là, il peut te pardonner. Mais, quelles que soient les fautes aussi petites, soient-elles, si vous lui mentez, il vous corrige. Cela m’est resté et ça a été un élément déterminant pour moi, dans mon choix sur le droit comme profession », a confié ce diplômé de l’école nationale de la magistrature de Paris (France).
Sur la recrudescence de l’insécurité qui refait surface, au lendemain de nombreux cas de braquages et d’assassinats survenus nuitamment dans la ville de Kankan, Yaya Kaîraba Kaba qui est également détenteur d’un DEA (Diplôme d’Etudes Approfondies en droit) de l’école nationale d’administration et de magistrature de Sénégal, explique.
« Il y a des causes endogènes et des causes exogènes. Chacun doit jouer sa partition, parce que ces malfrats qui se lèvent pour venir attaquer les citoyens, vivent dans des familles. Ces malfrats sont dans des quartiers. Ces quartiers sont dans la commune. La commune est dans la région. Que chacun joue son rôle. Il ne faut pas qu’on s’assoie sur sa chaise et dire que ça ne peut arriver qu’à l’autre. Ça peut arriver à toi-même », recommande-t-il.
Quoi qu’il en soit, l’appareil judiciaire ne compte faire aucun cadeau à ceux qui agressent et privent les paisibles citoyens de leurs biens, prévient le procureur près la cour d’appel de Kankan.
« Et au niveau de la justice, nous avons la rigueur. Nous avons des instruments juridiques qui nous donnent la possibilité, l’obligation d’agir chaque fois que les malfrats sont pris », rappelle-t-il.
Malgré la régularité de la tenue des audiences criminelles, une innovation qui a sensiblement réduit les lourdeurs administratives et les détentions dépassant parfois les délais requis , les magistrats restent souvent freinés par des interférences extrajudiciaires, a martelé l’ancien stagiaire du tribunal de grandes instances d’Angers (France).
« Il ya que souvent, lorsque la justice prend son épée de Damoclès pour sévir, il ya souvent des obstacles liés à des interventions intempestives par des autorités qui s’impliquent dans le dos de cette population, au niveau des magistrats, qui influencent ceux qui acceptent d’être influencés. Quand ça tourne au vinaigre, on jette l’opprobre sur la justice. Moi, je dis non. Le magistrat, il est chargé de dire le droit. L’officier de police judiciaire fait son travail. Il dépose les résultats de son enquête au magistrat. Le magistrat a l’obligation d’appliquer la loi ».
A propos de l’assassinat du jeune Oumar Doumbouya, froidement abattu par ses ravisseurs, lors du braquage d’une boutique, fin septembre, en plein cœur de la ville de Kankan, Yaya Kaîraba Kaba s’est montré prolixe pour condamner cet acte.
« Ce jeune qui a été assassiné froidement, inutilement, cruellement ! Les enquêtes sont en cours. S’il plait à Dieu, la population saura que les magistrats du ressort de Kankan, les officiers de police judiciaire du ressort de Kankan, savent ce qu’ils doivent faire. Ce crime ne restera pas impuni », a promis notre interlocuteur.
Pour y parvenir, le procureur général près la cour d’appel de Kankan lance un appel.
« Seulement, je lance un appel à la population, d’accepter de collaborer. Il ne faut pas dire ‘’ah ! Ça ne peut arriver qu’à mon voisin’’. Ça peut arriver à toi-même. Quand on voit des malfrats, il faut avoir le courage de les dénoncer. Il faut accepter l’application rigoureuse de la loi. La loi, elle est impérative. Elle est impersonnelle », a conclu Yaya Kaîraba Kaba.
De Kankan, Mamadi CISSE pour Mosaiqueguinee.com