Le principal adversaire du président Yoweri Museveni à la présidentielle en Ouganda a été inculpé ce 20 novembre d’« actes susceptibles de propager une maladie infectieuse » et « infractions aux règles sur le Covid-19 ». Il a été ensuite relâché. Bobi Wine avait été arrêté, il y a deux jours, pour avoir enfreint les règles sanitaires lors d’un rassemblement électoral.
Sa libération a été accueillie vendredi par des scènes de joie dans les rues de Kampala. Bobi Wine a recouvré la liberté après 48 heures de garde à vue. Inculpé d’infractions aux règles sur le Covid-19, l’opposant s’est dit plus que jamais déterminé à poursuivre son combat.
« Je suis ici parce que je me propose de diriger les Ougandais pour mettre fin à 35 ans de dictature. Je veux profiter de cette occasion pour rappeler à Monsieur Museveni que ce n’est pas son fauteuil. Ce siège appartient aux Ougandais et très vite ils vont le réclamer. Nous ne sommes par abattus par la prison ou par la torture. Nous sommes de plus en plus forts. »
Bobi Wine est accusé d’avoir enfreint les mesures anti-Covid-19 pour avoir réuni plus de 200 personnes lors d’un de ses rassemblements le 18 novembre. Ses avocats accusent le régime d’utiliser les mesures anti-Covid-19 pour l’empêcher de faire campagne. Plusieurs candidats de l’opposition ont par ailleurs suspendu leur campagne en guise de protestation.
L’opposant devra pointer toutes les deux semaines au tribunal jusqu’à son procès prévu le 18 décembre. Selon l’un de ses avocats, il est autorisé à mener campagne à condition de respecter les règles sanitaires. Mais le général Elly Tumwine, ministre de la Sécurité, a prévenu hier qu’il ne tolèrerait aucun débordement.
« Ceux qui pensent qu’il peuvent créer des perturbations, même s’ils nous prennent par surprise comme cela s’est passé le 18, nous les remettrons à leur place. Le message est clair, ceux qui entendent perturber la paix et la stabilité, le feront à leur propre risque et ils ne réussiront pas. »
« C’était comme une guerre »
L’arrestation de Bobi Wine avait déclenché la colère de ses partisans qui sont descendus dans les rues. Selon le dernier bilan de la police, 37 personnes sont mortes et environ 45 ont été blessées. La presse, elle, parle d’une quarantaine de victimes et le bilan ne cesse de grimper. Les forces de sécurité sont accusés d’avoir fait un usage excessif de la force pour disperser les manifestants et d’avoir tiré à balles réelles dans la foule.
« Les policiers tiraient de partout au hasard, raconte une femme dont le magasin se situe dans le centre-ville de Kampala. Chaque fois qu’ils voyaient un groupe de gens, ils tiraient. Ils ont lancé des gaz lacrymogènes devant nous alors qu’on était en voiture, bloqués dans les embouteillages. Ils nous criaient : « Partez ». Mais nous ne savions pas par où partir. Au volant, j’ai failli avoir un accident. Il y avait de la fumée devant moi, à côté de moi. C’était comme une guerre. »
Des images qui circulent sur les réseaux sociaux montrent également la police tirant sur une femme à sa fenêtre, qui filme avec son téléphone portable, ainsi que des hommes en civil lourdement armés tirant en l’air dans la rue. Le 20 novembre, la situation était calme dans la capitale mais encore très tendue. Le centre de Kampala était totalement désert, les magasins fermés et les forces de sécurité déployées en nombre.
Avec RFI