Deux mois après son investiture à la tête du pays pour un troisième mandat, arraché au forceps, le président Alpha Condé ne cesse de répéter jusqu’à plus soif son slogan favori du moment, qui n’est autre que « Gouverner autrement ».
Ce poncif erroné aux yeux des détracteurs du régime de Conakry, mais devenu le mantra des aficionados du locataire du palais Sèkhoutouréyah sonne toutefois comme un aveu d’échec pour ce « deus ex machina », dont l’élection en 2010 avait été vivement saluée.
Avant que cet engouement ne retombe comme un soufflet. Car le constat saute aux yeux que, de son avènement à la magistrature suprême, à nos jours, beaucoup d’eau à couler sous les ponts, sans que les espoirs des Guinéens ne se réalisent.
Malgré un bilan mi-figue mi-raisin, cet apparatchik, rompu dans les grenouillages politiques, a cependant résisté à toutes les tempêtes.
Et le revoilà encore sous les ors de la République, pour un troisième mandat, plutôt dissimulé sous un vernis démocratique, avec le vocable de « premier mandat » de la quatrième république, dans le but de faire passer la pilule.
C’est sans nul doute, pour dorer cette pilule, que le président a fait recours à ce fameux poncif de « Gouverner autrement ». Une formule inspirée de la gauche française.
D’abord avec Pierre Mauroy qui fut le tout premier à l’employer, en étant alors Premier ministre de François Mitterrand en 1982. Mot d’ordre qui sera ensuite mis au goût du jour par Michel Rocard, dès sa nomination à Matignon en 1988, toujours sous le magistère de Mitterrand.
A ce « Gouverner autrement » de Rocard, Pierre Méhaignerie, président du groupe Union du centre (UDC), avait répondu, comme du berger à la bergère, de « s’opposer autrement ».
Contrairement donc à la propagande de certaines officines de notre landerneau, le label « Gouverner autrement », n’est pas une marque déposée d’un quelconque de nos partis de gouvernement. Que ce soit le RPG ou l’UFDG, les deux formations qui se tirent la bourre à propos.
Mais qu’en est-il de ce « Gouverner autrement » d’Alpha Condé, deux mois après le renouvellement de son bail. Rien de nouveau sous le soleil, si ce n’est que des démolitions d’emprises sur les artères de la cité. Et des visites inopinées du chef de l’État dans des départements ministériels, aux allures d’opération de com rondement pensée. Le grand soir tant annoncé risque de ne jamais avoir lieu. Quand le président décide de reconduire quasiment le même casting gouvernemental.
Ne dit-on pas que les vieilles habitudes ont la peau dure.
C’est dans ce tâtonnement digne d’un débutant, que l’épidémie d’Ebola fait sa résurgence dans le sud-est de notre pays. Un nouveau front sanitaire pour le gouvernement, déjà éprouvé par la Covid19, et confronté dorénavant au retour en force des cartels de la drogue sud-américaine. Tout un cocktail détonnant de mauvaises nouvelles pour cette nouvelle république.
Mamadou Dian Baldé, journaliste et éditorialiste