Ce jeudi 24 juin 2021, la plus grande institution de l’ordre judiciaire du pays, à travers sa chambre administrative a examinée la « requête aux fins de sursis à l’exécution d’une décision administrative pour excès de pouvoir » à la requête d’Ismaël Nanfo Diaby, l’imam qui officie la prière en N’ko.
En effet, le 30 juillet 2020, le secrétariat général aux affaires religieuses avait pris une décision interdisant à Ismaël Nanfo Diaby, de parler au nom de l’islam et d’exercer toute activité religieuse sur l’ensemble du territoire national.
Opposé à cette décision, Ismaël Nanfo Diaby par la voie de son avocat Me Salifou Béavogui, a introduit un recours de sursis contre cette décision à la cour suprême. Ce 24 juin, le dossier a été débattu en audience publique, en l’absence du plaignant.
Intervenant à cet effet Me Salifou Béavogui a indiqué que, «cette décision n’a jamais été notifiée» à son client Nanfo Diaby qui réside à Kankan.
«…Nous avons sollicité un sursis à l’exécution de cette décision (…). Il y a urgence parce que des personnes de mauvaise foi sont en train de brandir cette décision contre Nanfo Diaby. Actuellement, il est en train de purger une peine sur la base de cette décision administrative », a-t-il déclaré à la barre.
A travers cette décision, poursuit l’avocat: « on empêche un certain nombre de guinéens de prêcher leur foi». Une déclaration qui a été très vite recadrée par le président de l’audience M. Mohamed Aly Thiam, qui a plutôt précisé que la présente décision : « lui interdit de parler au nom de l’islam».
Lorsque la cour a demandé à Me Salifou Béavogui les préjudices irréparables causés par la décision, l’avocat a répondu que « cette décision est un préjudice à la liberté de culte. (…), cette décision empêche Nanfo d’exercer sa foi dans sa langue N’ko».
Le ministère public représenté dans la salle par M. William Fernandez, dans ses observations, déclare que ce dossier a fait des bruits dans la cité. Selon l’exercice de la foi religieuse, la liberté de culte est un principe garanti par la constitution en vigueur.
Sur le cas de Nanfo Diaby, ajoute William Fernandez, d’après ces recherches, dans l’islam on prie en arabe « c’est la langue arabe, parce que c’est la langue recommandée dans cette religion ». Et d’ajouter, « il y a des choses qu’un individu ou groupe d’individus ne peuvent pas changer. C’est extrêmement grave. Ce sont des comportements graves qui amènent des troubles dans la société (…) Il n’y a aucun préjudice. Ce que je sais, ce comportement entraine des troubles à l’ordre public. Donc, je vous requiert de rejeté la requête », a déclaré Me William.
C’est au terme de cette intervention que le président de l’audience a mis le dossier en délibéré et la décision sera rendue le 1er juillet prochain.
Affaire à suivre…
Alhassane Fofana