La charte publiée de la transition en son article 60, implique 19 catégories sociales et professionnelles pour occuper les 81 sièges qui composeront le prochain Conseil National de la Transition.
A la lecture du communiqué du ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, la qualité de citoyen guinéen et d’observateur de la scène publique, m’octroie le droit légitime de me poser des questions.
Comment nuancer une organisation de la société civile, d’une organisation de jeunesse lorsqu’elles ont toutes la personnalité juridique et la qualité d’une ONG ?
Sur la trois centaine dit-on, de partis politiques, comment choisira-t-on les futurs conseillers nationaux? Quel quota pour chaque entité?
Dans un fleuve d’associations évoluant dans chaque secteur d’activités, comment le tri se fera, en vue d’en sortir les profils répondant aux critères de compétence et de probité (un critère purement subjectif et contestable, car le bon pour les uns, ne l’est pas forcément pour les autres.) Les houleux débats après le choix de certains membres du gouvernement en sont une illustration.
Aussi, aucune précision sur comment les postulants de l’intérieur du pays et ceux de la diaspora feront acte de candidature? Si seule issue connue, n’est que le secrétariat du département dirigé par le Ministre Mory Condé. Ni adresse électronique, ni indication sur le lieu (sièges des préfectures, mairies, gouvernorats, ambassades), n’est à la disposition de l’opinion.
Je ne mets pas en doute les qualités des décideurs, ce serait prétentieux et prématuré, mais mon humble avis est que la stratégie doit être mieux mûrie, avant la prise de certaines décisions. L’institution qu’est le CNT sera d’une importance essentielle dans la réussite ou non de la transition. Et c’est en cela que j’exhorte le CNRD et le MATD, à plus de précautions autour de la mise en place cet organe éminemment législatif, qui décidera de l’avenir juridiquement notre pays.
L’image que renvoie la publication de ce communiqué est celle de l’affaiblissement d’un autre département ministériel, celui de la jeunesse, qui à coup sûr n’a pas été consulté. Un processus bien qu’imparfait comme toute œuvre humaine avait déjà été entamé, sous l’autorité d’acteurs détenteurs du pouvoir public. Comment pourraient-ils être perçus? Comment percevront-ils cette décision qui met à l’eau des travaux qu’ils ont déjà entamés?
N’aurait-il pas été judicieux de décentraliser le processus, comme le nom du ministère l’indique d’ailleurs, et garder un œil sur sa crédibilité et sa sincérité? Y déployer des cadres du MATD en qualité d’observateurs si cela est nécessaire? Le MATD aurait pu traiter le cas des partis politiques et des ONG qui lui restent naturellement rattachés. Le ministère de La Défense s’occupe du choix des membres des forces de défense et de sécurité. Le ministère de la culture des acteurs culturels, celui de l’action sociale et de la promotion féminine des organisations de femmes et de handicapés, celui des affaires étrangères et des guinéens de l’étranger, de la Diaspora. La HAC ou le ministère de l’information et de la communication, des organisations de presse, ainsi de suite.
Je ne souhaite aucunement de confusion durant toutes les étapes de cette transition, jusqu’à son aboutissement heureux pour la Guinée. C’est pourquoi je voudrais inviter les décideurs à s’appuyer sur des stratégies inclusives et suffisamment mûries avant d’en faire part à l’opinion et de les mettre en pratique.
Bonne chance à la Guinée !
Idrissa Kaba