Les partisans du changement de constitution en 2020 nous disaient, pour nous convaincre du bien-fondé du processus, que la Guinée avait besoin d’une constitution adaptée à nos réalités.
Résultat des courses : le pays a été doté d’un texte qui, à bien des égards, était le reflet du texte de 2010.C’était donc du pipeau.
Aujourd’hui encore, on nous dit que nous avons besoin d’une constitution qui résistera au temps, qui ne sera pas facilement modifiable.
En réalité, tout cela n’est que discours. La Guinée n’aura pas une constitution tombée du ciel. Elle s’inspirera immanquablement de textes d’autres pays en reprenant les grands principes universellement reconnus et considérés comme acquis sous tous les cieux. C’est dire qu’en fait, les textes ne suffisent pas. Il faut que les hommes et femmes qui auront le privilège de diriger le pays, à l’issue de la transition, intègrent les principes démocratiques en les respectant et en les faisant respecter. C’est d’ailleurs l’un des termes de la formule du serment prêté par le président élu quand il prend fonction.
En dépit des insuffisances réelles ou supposées de la constitution de 2010, les militaires n’auraient eu aucun prétexte pour s’emparer du pouvoir si ses dispositions relatives à la limitation du nombre de mandats du président de la République avaient été rigoureusement respectées. Aucune œuvre humaine n’est parfaite ; un texte juridique ne peut, par voie de conséquence, prétendre à perfection même s’il est l’œuvre des esprits les plus éclairés. On peut donc l’améliorer au fur et à mesure en tenant des réalités qui n’avaient pas été prises en compte au moment de son élaboration.
En réalité, la force d’un texte dépend en tout premier lieu de la volonté des uns et des autres de s’y conformer.
La constitution des États-Unis d’Amérique et ses 27 amendements ne résistent au temps que par le souci constant des Américains y compris leurs dirigeants de les respecter en tant que » loi suprême du pays ». La constitution française de 1958 a fait l’objet de plusieurs révisions, mais uniquement dans le souci de favoriser un meilleur fonctionnement efficient des institutions de la République et d’améliorer de manière continue le système démocratique.
Me Mohamed Traoré
Ancien Bâtonnier