Émergence – Le pouvoir de Conakry a pris contact avec le couple FMI-Banque mondiale en vue d’obtenir de la part de ces institutions un programme élargi de facilitation de crédit.
Entamer les discussions dans ce sens, pour un régime de transition, est un sacré coup qui augure forcement aux dirigeants du pays un grand espoir. L’espoir de voir ouvrir les vannes d’un financement extérieur massif et la possibilité pour le pays de bénéficier des appuis budgétaires importants pour équilibrer son budget national toujours déficitaire. Alors qu’il en était privé depuis l’avènement au pouvoir des militaires, suite au coup d’Etat qui a écourté le troisième mandat d’Alpha Condé. Cette action du FMI et de la Banque Mondiale qui vont ainsi opérer un changement majeur dans leur doctrine en entamant des discussions avec un pouvoir militaire en vue d’obtenir un programme pour celui-ci, suscite des interrogations toutes légitimes. Les échanges qui ont débuté à Conakry entre les deux parties, et qui se sont poursuivis à Washington, en marge du printemps du FMI et de la banque mondiale révèlent le caractère vicieux du choix de ces institutions à établir un programme avec le régime Guinéen. A peine un chantage qui vise à prendre le contrôle du Simandou dont la réalisation est à ce jour irréversible. Ce, grâce, faut-il le reconnaitre, à une montagne de détermination du Président de la transition, Général Mamadi Doumbouya, qui en a d’ailleurs fait une priorité, malgré les critiques, parfois légitimes, contre certaines décisions prises dans la logique de la mise œuvre du projet.
Le FMI exige de la partie Guinéenne la publication de l’annexe du contrat du Simandou en sa partie fiscale.
« Ce document que le FMI demande est pour le moment frappé du sceau de la confidentialité conclue par les différentes parties engagées dans le projet du Simandou. Nous, partie Guinéenne, on ne peut trahir cet engagement. En le faisant, la confiance sera entamée, et ça peut, par conséquent, porter un coup à l’évolution du projet », confie un des négociateurs guinéens.
« Le FMI et la banque mondiale veulent s’approprier la réussite du projet, alors que son évolution très satisfaisante est à mettre à l’actif du chef de l’Etat, qui en a fait la plus grande priorité. Les préalables posés par le FMI et la banque mondiale ont un parfum de chantage. Il y en a là-dedans un piège. On a l’impression qu’ils viennent pour freiner l’engagement de la chine dans le projet avec des conditions qui ne seront pas en faveur de l’investissement comme on le connait. D’ailleurs, on a pu négocier et obtenir des choses intéressantes avec les partenaires qui ont eu le double mérite de faire avancer le projet et permettre à la Guinée de gagner, cela sans le FMI et la Banque mondiale qui, il faut le rappeler, sous leur coordination, n’ont pas pu faire mieux. Pourquoi devrait-on céder devant leur vice », s’interroge un autre négociateur.
Reste à savoir si la Guinée peut continuer à résister, alors qu’elle ambitionne obtenir vaille que vaille un programme avec le FMI pour espérer bénéficier des avantages non négligeables de ce programme.
« Ces avantages ne sont pas non plus vitaux pour son économie, quand le pays a tenu durant trois ans, sans aucun appui budgétaire », précise un spécialiste.
« L’appui de ces institutions n’est pas une fin en soi. La solution est en Guinée. Il faut récupérer tous les taxes et impôts. On sait qu’il y en a assez qui vont ailleurs ou qui sont perdus dans exonérations fantaisistes. Rien que dans les mines, on perd en exonération 8 000 milliards GNF, soit 1 milliard de dollars. Sans compter les restes à recouvrer des impôts dû aux entreprises qui est de l’ordre de 800millions dollars. Aussi, il faut utiliser à bon échéant les ressources mobilisées », se convainc le même spécialiste.
Mognouma Cissé