Depuis des décennies, notre société d’électricité, Électricité de Guinée (EDG), peine à fonctionner correctement, faute de réformes profondes et durables. Ce statu quo, alimenté par des pratiques dommageables comme le vol d’électricité et le gaspillage, pèse lourdement sur l’économie nationale et compromet nos ambitions de développement.
Notre rédaction a rencontré le Ministre de l’Énergie ce matin très en colère sur la route de Tanènè descendu de sa voiture entrain de sensibiliser les ménages d’éteindre les ampoules pendant la journée sur tout le long de la route.
Chaque matin, en parcourant nos quartiers, il est impossible de ne pas remarquer des ampoules allumées inutilement, même en plein jour, comme si la lumière du soleil ne suffisait pas. Cette banalisation du gaspillage reflète une réalité : tout le monde, d’une manière ou d’une autre, est complice de la situation.
Un coût alarmant pour l’État et pour nous tous
L’État guinéen consacre plus de 400 millions de dollars par an à subventionner l’électricité selon nos sources soit près de 25 % des recettes publiques. Cette somme, qui pourrait servir à construire des écoles, des hôpitaux ou des routes, est en partie engloutie par des pratiques inefficaces et le gaspillage.
Selon le Ministre prenons un exemple concret : une seule ampoule de 60 watts allumée toute la journée coûte environ 900 GNF. Si l’on considère qu’un million d’ampoules restent inutilement allumées chaque jour en Guinée, cela représente 900 millions de GNF par jour, soit 27 milliards de GNF par mois. Imaginez ce que cet argent pourrait financer pour notre jeunesse, notre santé ou nos infrastructures.
En parallèle, les transformateurs électriques tombent régulièrement en panne, surchargés par une consommation disproportionnée. En effet, 80 % des abonnés sont au forfait, ce qui encourage une utilisation excessive et anarchique de l’électricité.
Résultat : des réparations coûteuses, des coupures prolongées et une dégradation continue du réseau.
Une population complice de son propre handicap
Les ménages , souvent complices de ce vol organisé, oublient que l’argent gaspillé pourrait être investi dans leur avenir. Ces fonds auraient pu servir à financer leur formation professionnelle des jeunes à travers des technologies de pointe ( quand vous arrivez au niveau des sociétés minières, ils sont pour la plupart des vigiles alors qu’à l’aéroport il y’a une vague de jeunes chinois qui déferlent notre pays pour la recherche d’opportunités)
leur encadrement, ou encore le système de santé. Pourtant, certains choisissent de détourner cette ressource précieuse, sans se rendre compte qu’ils hypothèquent leurs propres opportunités.
Une responsabilité collective à assumer
Tout le monde, à son niveau, est responsable de la situation. Les ménages, en laissant des ampoules allumées inutilement ou en trafiquant les compteurs ; les entreprises, en consommant sans souci de l’impact collectif ; et même l’État, en tardant à mettre en œuvre des réformes strictes et durables durant des décennies.
Cependant, cette réalité, aussi sombre soit-elle, peut encore changer si nous décidons d’agir ensemble.
Une nouvelle dynamique en marche : entre réformes et dialogue social
Conscient des enjeux, le Ministère de l’Énergie travaille à instaurer un dialogue social inclusif pour sensibiliser la population et engager les réformes nécessaires. Avec une nouvelle direction à sa tête, EDG comprend l’urgence de la situation et s’efforce d’améliorer la gestion du réseau électrique.
Les objectifs sont clairs :
1. Moderniser le réseau pour réduire les pertes techniques et commerciales.
2. Mettre en place un système de facturation équitable, où chaque consommateur paie pour ce qu’il utilise réellement.
3. Réduire progressivement les subventions, tout en garantissant une protection pour les ménages les plus vulnérables.
Agir maintenant pour éviter une crise profonde
Un contraste frappant avec la sous-région.
Regardons nos voisins :
• Côte d’Ivoire: Avec un secteur énergétique bien structuré, la Côte d’Ivoire est aujourd’hui un exportateur d’électricité dans la sous-région. Le gouvernement ivoirien, tout en soutenant les ménages les plus vulnérables, investit massivement dans l’expansion et la modernisation de son réseau électrique.
Résultat : des infrastructures routières de qualité, des écoles et une économie en croissance.
• Sénégal: Grâce à des réformes ambitieuses et une gestion rigoureuse, le Sénégal a réduit les subventions énergétiques tout en augmentant l’accès à l’électricité. Les ressources économisées sont réinvesties dans des projets phares comme le TER (Train Express Régional) ou le développement de pôles industriels.
• Ghana: Bien qu’il ait également subventionné l’électricité dans le passé, le Ghana a opté pour une transition vers une politique d’énergie durable, réduisant les subventions et investissant dans l’énergie solaire et éolienne.
Le temps presse. Si rien n’est fait, la Guinée risque de se retrouver dans une situation extrêmement difficile, où les coupures d’électricité seront plus fréquentes, les équipements davantage endommagés, et les ressources publiques encore plus limitées.
Nous devons prendre conscience de notre réalité : la refondation, c’est aussi se regarder en face et accepter la vérité. Il n’y aura pas de progrès sans effort collectif, sans responsabilité individuelle, et sans une volonté commune de changer nos habitudes.
Un appel à la conscience collective
Le Ministre lance un appel en ces termes, Chers Guinéens, chaque ampoule laissée allumée inutilement, chaque compteur trafiqué, chaque gaspillage est une opportunité de moins pour notre pays. Agissons ensemble pour un avenir meilleur.
Apprenons à respecter nos ressources, à valoriser ce que nous avons, et à bâtir une Guinée où l’électricité n’est plus un fardeau, mais un levier de développement.
La refondation de notre nation passe par des sacrifices aujourd’hui, pour des lendemains plus lumineux.