Le département de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation n’a pas attendu longtemps pour réagir aux accusations des enseignants chercheurs guinéens titulaires de PHD récemment recrutés pour renforcer la qualité de l’enseignement et améliorer la capacité du personnel académique dans les institutions d’enseignement supérieur du pays.
Ces enseignants ont récemment dénoncé le mépris de leur ministère de tutelle et la discrimination salariale dont ils sont victimes. Alors qu’ils disent avoir les mêmes qualifications et expériences professionnelles que les étrangers, il a été décidé que les docteurs étrangers soient rémunérés deux fois plus que leurs homologues nationaux.
Une différence de traitement qu’ils refusent de gober. De plus, trois mois après la fin du recrutement, d’autres problèmes demeurent. Il s’agit notamment de : leur l’intégration qui reste une problématique, le non versement de leurs salaires et les difficultés liées à leurs conditions de travail dans les universités.
Le directeur général du bureau de stratégie et de développement du ministère de l’enseignement supérieur de la recherche scientifique et de l’innovation a, au cas par cas, battu en brèche les accusations.
Au micro de mosaiqueguinee.com, Dr Mamoudou Bagaga a tenu à préciser que c’est à la suite d’un recrutement ciblé sur des Docteurs avec des profils selon les besoins des différentes universités du pays que ces titulaires de PHD guinéens et étrangers ont été retenus.
Cependant, révèle-t-il, ils n’étaient pas soumis au même principe d’évaluation, ce dans le but d’encourager l’élite guinéenne. Le barème pour être retenu était de 50 points. Mais les commissions qui ont siégé, ont réalisé que très peu de guinéens répondaient à certains critères tels que les publications scientifiques.
« Certains postulants guinéens n’étaient pas à la hauteur des autres enseignants étrangers, qui publiaient relativement beaucoup plus, probablement le contexte du pays peut-être l’explique. Parmi les enseignants étrangers, il y avait beaucoup aussi qui avaient des grades académiques, un critère qui, pour la plupart des guinéens n’avaient pas. Puisqu’il y avait peu de guinéens. Alors la commission a décidé à ce qu’on ramène à 30 points pour les guinéens pour pouvoir les recruter. C’est ce qui nous a permis de prendre 57 guinéens mais pour les étrangers le barème est resté le même. C’est comme ça que nous avons obtenu les 103 étrangers », a expliqué celui qui a piloté ce processus de recrutement au niveau du MESRSI.
À l’issue du recrutement, certains ont aussitôt démissionné malgré la bonne foi du département. Ces démissionnaires auraient fait part de leur indisponibilité pour cette année académique.
« On entend beaucoup de bruits, qu’on a éliminé certains. Nous, on a éliminé personne, les preuves existent. Et personne n’a été omis. Sauf qu’il y a certains qui veulent être recrutés à la fonction mais ne veulent pas être présents cette année », a-t-il précisé.
Traitement salarial
S’agissant du traitement salarial, le MESRSI croit avoir agi dans les règles de l’art. Dr Mamoudou Bagaga précise que les guinéens ont été recrutés en qualité de fonctionnaires. Par conséquent, soumis au même traitement qu’un fonctionnaire guinéen recruté à l’enseignement supérieur. De plus ils bénéficient du grade d’assistants pour la plupart.
« Maintenant, s’ils franchissent tous les grades, ils pourront avoir toutes les primes afférant à ces différents grades », a-t-il fait savoir.
En ce qui concerne les enseignants étrangers, poursuit-il, la commission a décidé de les aligner sur le niveau de rémunération des Russes autour de trois mille dollars.
« C’est la pratique depuis plusieurs décennies, on a des Russes, des Cubains, des Arméniens, bref des enseignants des pays de l’Est qui sont là parmi nous et qui ont une certaine grille de salaire autour de 3 a 4 mille dollars. On s’est dit, pourquoi ne pas aligner les enseignants venus d’autres pays africains qui ont des compétences similaires par endroit et parfois qui font relativement mieux ? Parce que les commissions ont évalué, elles ont vu réellement que par endroit ce sont des enseignants qui sont hautement qualifiés qu’on a pu recruter. Il n’y a pas de raison qu’on ne les aligne pas sur les autres enseignants étrangers qui sont parmi nous », a-t-il indiqué.
Le retard dans le paiement des salaires
Sur la question, il a indiqué que la réponse se trouve à la fonction publique d’autant plus qu’il y a eu un recrutement global de 8000 nouveaux fonctionnaires.
« Je n’ai pas vent d’une seule personne qui ait perçu son salaire à date ».
Toutefois, il mentionne que les département impliqués dans le processus travaillent d’arrache-pied pour résoudre le problème.
« La fonction publique est en train de s’activer pour que les salaires tombent. Ils ont été tous enrôlés et je crois que le processus suit son cours normal. On ne peut pas imputer ce retard au ministère de l’enseignement supérieur ou à la fonction publique ou aux autorités du pays. Ce qui est clair, ils seront payés et tous les ministères sont à pied d’œuvre pour accélérer effectivement ce processus », a-t-il rassuré.
L’appel du département
Le ministère de l’enseignement supérieur est conscient de leur situation. Toutefois, ils leur a demandé de faire preuve de patriotisme et de patience, tout en assurant qu’ils travaillent d’arrache-pied pour résoudre le problème le plutôt.
« Nous leur demandons de faire preuve d’un peu plus de patience, de patriotisme parce qu’on est en refondation. Les choses doivent se faire normalement. Déjà, le fait d’être un fonctionnaire constitue un grand privilège de servir son pays. Donc qu’ils patientent un peu, le ministre a fait les coups de fil nécessaire. Nous étions avec les représentants des enseignants guinéens et des étrangers, ils ont effectivement vu tous les coups de fil que le ministre a eu à faire pour accélérer le processus. Qu’ils patientent, on est presqu’au bout du tunnel », a-t-il invité.
Alhassane Fofana