Bras de fer Doussou Termite Mara-Lieutenant colonel Ansoumane Camara en jugement à partir de ce mercredi devant le tribunal de première instance de Kaloum, la fille de feu Termite Mara a décidé d’assigner en justice le directeur des unités d’intervention de la police, pour coups et blessures et violations de domicile. L’affaire porte sur un bâtiment qu’occupait son père, mais récemment affecté à Boffoé.
On ne le dira jamais assez, la guinée est le pays où on ne finira jamais de s’étonner comme un fondeur de cloches. Mais pas de feu au lac, au pays de tous les paradoxes et de toutes ignominies, plus rien n’émeut le commun des mortels. Dans un monde révulsé tel un bateau ivre,
au Mistral du dépérissement des valeurs et de l’ordre établi, à la bourrasque du dessèchement des identités et des autorités désormais contestées et remises en cause par les stratifications inférieures, rien ne résiste, pas même les forteresses qui semblaient les plus inexpugnables. Et oui, l’appauvrissement continu des grandes familles, marqué par une hiérarchisation de plus en plus mise en coupes réglées semble irréversible. Dans quantité de structures et organisations étatiques ou socioprofessionnelles et même au sein des cellules familiales, l’esprit d’aplatissement comme une carpette à l’autorité supérieure ou au satrape, n’est plus de ce monde, l’esprit de chacun et de tous aliéné, atteint par le virus de l’insubordination et la subversion. Même la grande muette et plus globalement les services de défense et de sécurité qui durant longtemps semblaient échapper à cette déferlante ravageuse, connaît son lot de situations ubuesques. Le cas Doussou Termite Mara-lieutenant-colonel Baffoé, est à loger à cette enseigne. Finalement l’arroseur arrosé serait-on tenté de brocarder. Trêve de plaisanterie rossarde! L’affaire est assez sérieuse pour qu’on en ri. Vous avez un lieutenant-colonel de la police nationale, non moins directeur des unités d’intervention de cette même police, à qui un subalterne a refusé de répondre au garde-à vous, qui se retrouve dans le collimateur de la justice pour dit-on coups et blessures, séquestration et violation de domicile, son péché, avoir demandé à récupérer un bâtiment administratif à lui affecté par l’autorité compétente. Qu’il ait refus obstiné manifeste ou diffus de l’occupante des lieux, s’il venait à être prouvé que celle-ci a pris son supérieur hiérarchique à rebrousse-poil, une telle attitude serait condamnable et injustifiable, tout comme le serait toute violence quelconque qui aurait été exercée sur et envers elle. Mais à beau examiner ce vrai-faux bras de fer sous toutes ses coutures, il ressort la problématique de l’indiscipline et de l’insoumission à l’autorité et à la hiérarchie. Pourtant, Doussou Termite Mara, puisque c’est d’elle qu’il s’agit n’est pas sans savoir que les époques ont bien changé et avec elles les pratiques. L’époque d’une armée, d’une gendarmerie, d’une police renvoyant l’image d’une tour de Babel, cette époque celle de corps d’armes totalement à l’envers au sein desquels, qu’il soit cité en passant, le capitaine Moussa Dadis Camara, « un caporal pouvait dire merde à un capitaine », cette époque est bien derrière. C’est oublier que les forces de défense et de sécurité ont fait leur mue depuis et que le respect à l’autorité était devenu un impératif péremptoire. Il est à parier que si Doussou Termite Mara a subi un traitement un peu plus spartiate, une attitude d’indiscipline n’en serait pas étrangère. S’il n’y avait pas eu dessein inavoué de ne point céder le bâtiment d’un seul pouce, il n’y aurait pas eu toute cette pantalonnade. L’Etat de droit aidant, Baffoé certes cité à comparaître, a à mes yeux, beau jeu dans cette affaire. Le procès qui s’ouvre pourrait bien se transformer en une douche froide pour l’accusatrice, alors on sera tenté de dire est pris celui qui croyait prendre, une once de rationalité ne ferait point mal en l’espèce…