L’ONG Human Rights Watch demande au gouvernement guinéen d’être un peu plus exigeant vis-à-vis des sociétés minières, de concilier le besoin légitime d’agrandir les activités minières et celui de la protection des droits des communautés à la base.
C’est un peu l’une des conclusions phares du dernier rapport de cette ONG internationale, présenté en conférence de presse jeudi à Conakry devant un parterre de journalistes et d’autres invités venus de la société civile et des organisations syndicales.
Le rapport concerne deux sociétés parmi les neuf en phase d’exploitation. Il s’agit de la Société Minière de Boké (SMB) et la CBG. L’ONG guinéenne, Action Mine, qui a participé à ce travail, certifie le passage d’enquêteurs dans des ménages à Boké pour des entretiens. Les questions qui revenaient, selon Mariame Barry, membre de l’ONG Action Mine, portent essentiellement sur l’’accès à l’eau, aux services de santé, la perte de terres cultivables et la pollution de l’air.
La SMB et la CBG, causeraient d’énormes atteintes aux droits des communautés en exposant celles-ci entre autres à des risques sanitaires. Certains de ces impacts, selon les conférenciers, ont été reconnus par les promoteurs concernés qui ont d’ailleurs pris l’engagement de réparer les manquements.
Les conférenciers ont aussi révélé en guise d’exemple le tarissement d’un marigot dans la zone sud du projet SMB à Kolaboungny suite à la construction d’un pont. L’activité d’au moins 150 maraichers venant de 10 villages différents, a été ainsi sacrifiée par cette société minière.
Le ministère des Mines et de la Géologie s’est fendu d’un communiqué pour apporter des précisions. Les autorités de la gouvernance minière ont indiqué ce qui suit :
- L’Etat n’a pas attendu l’intervention de HRW pour prendre des actions vigoureuses sur l’impact environnemental et social des projets miniers : en plus d’un audit indépendant fait par un bureau international et dont les résultats ont été publiquement présentés en mai 2018, l’Etat, avec l’appui de la Banque mondiale, a engagé une étude sur l’impact cumulatif des projets miniers ;
- L’audit de l’Etat a couvert toutes les neuf (9) sociétés en phase de construction ou d’opérations au moment dudit audit, contrairement aux travaux de HRW limités à la SMB et à la CBG ;
- L’audit de l’Etat, au-delà des entretiens et de l’analyse des dossiers (l’essentiel du travail effectué par HRW avec les limites inhérentes à cette approche), a aussi porté sur des constatations de terrain par des techniciens spécialisés ;
- Les insuffisances relevées au cours de cet audit réalisé par l’Etat sont en cours de mise œuvre, comme le démontre le recrutement d’un cabinet d’experts par la SMB pour corriger ses insuffisances (contrat en cours d’exécution). L’Etat a déjà mis en place un comité pour suivre la mise en œuvre effective des mesures correctives.
- HRW mentionne les efforts fournis par le Gouvernement même si l’ONG les estime insuffisants. Elle reprend aussi les conclusions du rapport d’audit commandité par le Gouvernement.
Reste à savoir si la SMB et la CBG sont d’accord avec le contenu de ce rapport et les propos tenus lors de sa présentation à la maison de la presse.
Dossier à suivre.
Thierno Amadou M’Bonet Camara (Rescapé N04)