S’il y avait une actualité qui défraie la chronique en ces temps en Guinée, c’est bien la rebaptisation de l’aéroport international de Conakry Gbéssia, qui porte désormais le nom du père de l’indépendance guinéenne feu Ahmed Sékou Touré.
Les déclarations des différentes parties, teintées souvent d’émotions, sur la base de certains faits historiques (l’histoire récente de la Guinée) font que nous sommes fondés aujourd’hui à dire qu’il s’agit de l’acte le plus controversé du Président de la transition, depuis son arrivé au pouvoir.
Entre les déclarations « partisanes » de part et d’autre, soutenues par d’éminentes personnalités, quelle est la véritable opinion des Guinéens sur le sujet ?
Faut-il se laisser distraire par quelques propos tenus par une poignée de personnes dans les médias ou les réseaux sociaux ?
L’Institut Guinéen d’Etudes et de Sondages (IGES) a cherché à comprendre ce qu’en pensent les Guinéens sur la base de cet outil scientifique (sondage) débarrassé de toute considération d’ordre sentimental ou émotionnel.
Une forte majorité de Guinéens (61%), estime que la rebaptisation de l’aéroport de Conakry est une reconnaissance méritée pour celui qui a donné l’indépendance à la Guinée.
En retour, 25% des guinéens estiment que c’est une offense pour les familles des victimes du premier régime. Le pourcentage de ceux qui ont choisi de ne pas donner leur avis est relativement important (14%).
Par un ordre décroissant, ce graphique ci-dessous nous enseigne que plus on est jeune, plus on estime que la rebaptisation de l’aéroport est une reconnaissance méritée pour Ahmed Sékou Touré. Les [18-24] ans, à hauteur de 78% prennent position dans ce sens, suivis des [25-34 ans] à hauteur de 62%.
Si les jeunes soutiennent cette décision du Président de la transition pour avoir rendu hommage au père de l’indépendance guinéenne, l’on constate que les personnes âgées y sont majoritairement opposées.
Celles qui ont 70 ans et plus, estiment à 67% que la rebaptisation de l’aéroport est une offense pour les victimes du premier régime. C’est de loin la plus forte proportion à donner cet avis. Elles sont suivies des [45-59 ans] à 38% et des [60-69 ans] à 35%.
L’on serait aisément tenté à se demander pourquoi les personnes du troisième âge sont opposées à cette reconnaissance rendue à Sékou Touré ?
Ont-ils vécu des situations ignorées de la jeunesse qui font qu’ils s’opposent à la reviviscence du Président Sékou Touré ?
Dans tous les cas, tôt ou tard, l’histoire véritable de la Guinée devra être dite et le pardon sera la seule alternative à l’unification des Guinéens autour de certaines valeurs pour la fondation d’un véritable Etat-nation.
Institut Guinéen d’Etudes et de Sondages (IGES)