Ahmadou Sow est l’un des Messieurs micro finance en République de Guinée.
Très investi dans le domaine, actuel Directeur exécutif de l’Association Professionnelle des Institutions de Micro finance en Guinée, il s’est prêté à nos questions.
Quelle est, selon vous, l’importance de la micro finance dans le cadre de la lutte contre la pauvreté en Guinée ?
Ahmadou Sow : La micro finance est très importante dans la lutte contre la pauvreté en Guinée. C’est une banque de proximité qui permet de mettre à la disposition des populations des solutions pratiques destinés à soutenir leurs activités génératrices de revenus. Si nous prenons par exemple le Crédit Rural de Guinée (CRG), qui est la plus grande institution qui opère dans notre pays, il est présent dans les villages les plus reculés, chose qui à l’heure actuelle est quasiment impossible pour les banques classiques. C’est un avantage incontestable qui aide les populations à développer des activités génératrices de revenus à la base. Elles améliorent ainsi leurs conditions de vie et tirent des moyens substantiels pour leur survie.
Souvent, dans le domaine de la micro finance, le taux d’intérêt est mis à l’index. On le juge parfois élevé. Qu’en dites-vous ?
Ahmadou Sow : Le taux d’intérêt est fonction du risque qui existe dans le secteur de la micro finance où les garanties ne sont pas évidentes. Les institutions de micro finances sont présentes dans les villages et il faut un suivi de proximité, tout cela génère des dépenses dont on doit tenir compte. Il s’agit de s’assurer que l’adhérent a développé un business qui lui permet à la fois de le maintenir, d’épargner et de s’acquitter normalement de ses échéances. Les études ont prouvé que le taux d’intérêt dans les conditions actuelles ne constitue pas un obstacle pour bien développer une activité génératrice de revenus. Les cas de réussites sont très nombreux et le taux de remboursement dépasse souvent les 95 à 98%. Cela veut dire que les clients des institutions de micro finance s’en sortent dans les conditions actuelles même si des efforts peuvent être faits.
Que pensez-vous du CRG et du rôle qu’il joue dans le secteur en Guinée ?
Le CRG apporte la plus grande part, tant en nombre d’adhérents qu’en encours d’épargne et de crédit. Il apporte le gros de l’activité. Au 31 décembre 2017, l’encours de crédit était d’environ 214 milliards GNF et le CRG avait environ 60% de ce volume. C’est une institution financière qui est ancienne, elle est présente dans près de 2000 villages. Cela fait sa force ; elle est incontournable.
Que pourrait-on améliorer dans la micro finance en Guinée ?
La question du refinancement des institutions de micro finance se pose. Il faut qu’on ait accès à des ressources longues octroyées à des taux préférentiels pour renforcer le dynamisme du secteur. Donc il faut que les institutions de micro finance puissent accéder aux fonds des partenaires techniques et financiers. Des fonds de garantie doivent être mis en place et il parait également indispensable que la stratégie nationale pour la micro finance soit clairement définie en Guinée. Ce sont là des points importants qui peuvent améliorer l’activité.
Propos recueillis par Cheick Camara