Écroué pour vol d’un téléviseur, le quadragénaire Alhassane Bangoura a été retrouvé mort à la maison centrale de Conakry le 14 mars dernier.
Deux semaines après son décès, le sieur n’est toujours pas inhumé.
Le procureur général près la Cour d’appel de Conakry, a eu à éclairer l’opinion sur cette actualité qui défraie la chronique.
D’entrée Charles Wright a fustigé l’inconduite de certains hommes de médias qui, selon lui, ne font honneur à leur profession.
Selon lui, la mauvaise manipulation de l’information est un danger pour la paix et la quiétude sociale.
«Il y a eu le cas du décès de M. Alhassane Bangoura à la Maison centrale. J’ai vu des journalistes s’attaquer de manière frontale sans avoir la certitude de ce qu’ils ont comme information, à l’Institution judiciaire. Je voulais faire une petite mise au point. Moi, Procureur général, j’ai auprès du tribunal pour enfants un Procureur spécial. C’est lui qui reçoit tous les dossiers relevant des questions des mineurs. Dans ce cas d’espèce, l’obligation professionnelle du magistrat, ce n’est pas à moi d’examiner ça. Mais la responsabilité hiérarchique du Procureur général, je l’assume »,a-t-il lâché.
Parlant de l’interpellation du prévenu, Alphonse Charles Wright a indiqué qu’il a été placé en détention préventive pour des faits vol et de complicité.
Ainsi, le juge d’instruction chargé des affaires des mineurs a procédé à l’interrogatoire des suspects, le 28 février 2022.
«Alhassane Bangoura et Mlle Koumba Diouma. La dame dit que c’est le Monsieur qui a commis tel ou tel acte. Il reviendra au juge d’instruction d’élucider où se trouve la vérité », ajoute-t-il.
Il a également levé l’équivoque sur le prétendu paiement de la caution de 10 millions fg, par une personne détenue pour une affaire de vol de téléphone.
«Il faut qu’on fasse la part des choses. L’article 235 de notre Code donne le pouvoir au juge de priver un citoyen de sa liberté, mais en indiquant les motifs pour lesquels il peut être amené à priver la personne de sa liberté. C’est du droit. Tout comme notre Code permet, dans le cadre de la mise en liberté d’une personne placée en détention, que le juge en charge du dossier puisse le libérer ou ordonner sa liberté sous caution. C’est du droit aussi. Mais attention ! S’il a par exemple volé un téléphone de 200 000 GNF, est-il concevable qu’une caution soit fixée à 10 millions GNF ? Je me dis non, objectivement parlant. J’ai demandé au Procureur de la République à ce qu’il me produise un rapport. Ce rapport a été produit. Ça sera communiqué au ministre de la Justice pour son examen et la suite à donner »,dira-t-il.
S’agissant de la non inhumation du défunt prisonnier, jusqu’à présent, le procureur général a révélé qu’il a été saisi par l’avocat du défunt qui lui a écrit pour lui dire qu’il a des doutes, par rapport au décès de son client.
«J’ai entendu dans certains médias que je ne vais pas nommer ici, et où on dit que Charles refuse de donner le corps aux parents. Est-ce que ces journalistes sont allés à l’école du droit pour qu’on leur dise que lorsqu’il y a une mort suspecte, on ne restitue pas le corps comme ça, sans en déterminer la cause ? Un avocat saisit le Procureur général pour dire qu’il a des doutes sur la cause de la mort de son client. Si vous ordonnez que le corps là soit inhumé, sans déterminer cette cause, vous auriez manqué à vos obligations. J’ai dit qu’on ne restitue pas le corps sans savoir de quoi il est mort, parce qu’à deux semaines de sa détention, il est décédé. L’autopsie est en train d’être faite », explique-t-il.
Il a par ailleurs signalé qu’au moment venu, les éléments qui ne touchent pas au secret de l’instruction et de l’enquête seront rendus publics.
Alhassane Fofana