Comme annoncé par Mosaiqueguinee.com, le chef de l’Etat a bel et bien offert ce vendredi un déjeuner de presse à la Présidence de la République. Alpha Condé, dans un discours qu’il a voulu franc, teinté de mots durs à l’encontre des journalistes, s’est proprement défoulé sur ses invités.
Avant le discours du Chef de l’Etat, c’est Moussa Iboun Conté, président de l’Association Guinéenne des Editeurs de la Presse Indépendante (AGEPI), qui a lu une déclaration au nom des associations de presse. Une ancienne déclaration rédigée en décembre dernier au cours d’une rencontre à la maison de la presse entre les associations de presse et le Conseiller personnel du Chef de l’Etat, Tibou Kamara.
Dans ledit document, les associations de presse reconnaissent devoir de l’argent à l’Etat et ne pas toujours exercer dans la légalité, mais elles demandent l’implication du Chef de l’Etat pour la réouverture des radios privées fermées par l’ARPT pour non paiement de leurs redevances. Pour appuyer ce plaidoyer, le doyen Boubacar Yacine Diallo, désigné pour présenter les voeux de nouvel an de la presse au Président de la République, demandera, lui aussi, à Alpha Condé d’agir dans le sens de la réouverture des radios fermées.
Dans son long discours-réponse, le Président Condé a opposé une fin de non recevoir à cette demande des associations de presse. « On ne va pas faire du deux poids deux mesures », dira Alpha Condé qui rappelle que certains patrons à l’image de Yacine Diallo, ont payé pour que leurs radios soient réouvertes. Il faut donc que tout le monde paye.
Les associations de presse ont aussi relevé comme difficultés des médias, la non immatriculation des journalistes à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (Cnss). Là aussi, Alpha Condé est formel, il est même menaçant. Toute entreprise qui n’enregistre pas ses travailleurs à la CNSS, sera fermée. Des instructions ont été données dans ce sens au gouvernement qui en aurait même discuté recement avec les centrales syndicales pour pouvoir passer à la vitesse supérieur.
Mais pourquoi ce bras de fer entre les pouvoirs publics et la presse ? Dans son discours, Alpha a déploré ce qu’il qualifie de n’importe quoi et d’imbécillité qu’on raconte dans la presse guinéenne notamment dans les émissions interactives dont il citera d’ailleurs certaines. « On a obtenu 21 milliards, au lieu de parler de ça, vous avez soutenu Soumah« , a déclaré le Chef de l’Etat.
Le Président de la République reproche aussi aux journalistes guinéens de ne montrer que les aspects négatifs de sa gouvernance. « Tout le monde se félicite de ma présidence de l’Union africaine sauf les journalistes guinéens », dira-t-il.
S’adressant aux anciens journalistes dont les doyens Diallo Souleymane du Lynx, Yacine Diallo et Mouctar Bah de RFI, des noms que le Président a cité au moins une dizaine de fois, Alpha Condé leur reproche de ne pas dire à la nouvelle génération de journalistes ce que les opposants d’aujoirdhui ont fait subir à la presse lorsque ceux-ci étaient au pouvoir.
« Combien de journalistes ont-ils mis en prison ? « S’interroge Alpha Condé, faisant allusion à Dalein, comme il l’a dit un peu après ce pan de son discours.
Nous y reviendrons
Thierno Amadou M’Bonet Camara, de retour du Palais Sékoutoureya