Le Comité National pour le Rassemblement et le Développement (CNRD) célèbre mardi 5 septembre 2023, l’an 2 de son avènement au pouvoir en République de Guinée, après le renversement d’Alpha Condé.
Cet anniversaire, est aussi un moment pour faire le bilan de l’équipe de Mamadi Doumbouya.
En matière des droits de l’homme, Mamadou Kaly Diallo de la structure Baillonette Intelligente estime que le bilan est plutôt mitigée.
Selon cet activiste, en dépit de l’organisation du procès des évènements du 28 septembre qu’il faut saluer et la comparution du ministre de la justice devant le tribunal de Dixinn, le respect des droits de l’homme durant ces deux ans, reste à désirer.
« Nous disons qu’il y a du recul en matière des libertés fondamentales, des libertés publiques. N’oubliez pas que la charte qui régit le fonctionnement de la transition, réitère l’adhésion de la Guinée vis-à-vis du respect des conventions et pactes des droits de l’homme. Malgré tout cela, nous assistons tous les jours à des restrictions. Vous avez, en guise d’exemple, la restriction des libertés d’expression consacrée par l’article 19 de la déclaration universelle des droits de l’homme, il a fallu des journées sans presse ici pour décrisper cela. Vous avez aussi vu la restriction des libertés de manifester en violation de l’article de la déclaration internationale des droits de l’homme mais aussi d’autres pactes et lois internationaux. (…). Dans cas là, on ne peut pas parler d’avancées en matière des droits de l’homme, mais du recul, même s’il ne faut pas oublier que l’organisation du procès des évènements du 28 septembre et la comparution du ministre de la justice sont à saluer », a-t-il dit.
Mamadou Kaly Diallo a invité les autorités de la transition à faire en sorte d’être les premiers acteurs de la défense des droits de l’homme.
« En Guinée, on peut dire qu’on ne s’intéresse qu’aux droits civils et politiques. Par contre, il y a de graves violations des droits sociaux économiques et culturels, dont on parle peu compte tenu de la situation sociopolitique du pays. Vous voyez combien de fois les routes tuent en Guinée, avec des routes qui ne parlent pas, les gens censés régulariser la circulation qui ne font pas leur travail, etc. On ne parle pas de ces femmes qui portent leurs enfants au dos pour aller dans les champs. Ce sont des droits qu’on parle peu compte tenu de l’ascendance de la situation politique du pays. Pourtant, il faut en parler (…). Le premier rôle des organisations de droits de l’homme, c’est l’éducation des citoyens aux droits de l’homme. C’est-à-dire la connaissance, la jouissance des droits de l’homme en mettant des outils à leur disposition. On ne peut pas mettre en place une politique publique durable, sans l’intérêt général des citoyens dans la paix et la cohésion, sans le respect des droits de l’homme, ça doit être une des priorités des autorités. Au lieu de prendre ceux qui dénoncent les droits de l’homme comme des ennemis ou ceux qui rappellent l’Etat au respect des droits de l’homme comme des gens à part, il faut plutôt les prêter des oreilles attentives. Les autorités doivent être les premières actrices de défense des droits de l’homme. On ne peut pas développer notre pays, sans le respect des droits de l’homme », a-t-il lancé.
Par ailleurs, l’activiste des droits de l’homme a précisé qu’en dépit de tous les engagements perceptibles du ministre Charles Wright, son bilan en tant que ministre des droits de l’homme« ne peut être vanté, il y a plutôt du recul par endroit ».
MohamedNana Bangoura