Président du Forum Civile Citoyen (FCC), l’activiste de la société civile Boubacar Sylla s’est prononcé ce jeudi 12 octobre, sur la gestion de la transition par le CNRD, l’entité au pouvoir en Guinée depuis le 5 septembre 2021 après avoir renversé Alpha Condé.
Après plus d’une année de transition, estime cet activiste, la junte militaire dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya n’a posé aucune action qui va dans le sens de son désengagement du pouvoir.
« Après une année et quelques mois, les espoirs suscités par cette transition ont été dissipés. Au fil du temps, on se rend compte des détails. Aujourd’hui, aucune action allant dans le sens du désengagement de cette junte militaire n’est engagée. Aucun acte des activités contenues dans la feuille de route de la transition déclinée par ces militaires, n’est en cours aujourd’hui. On se demande si vraiment cette junte a l’intention de partir ou si elle a l’intention de se sédentariser. Aujourd’hui, après un an, on constate plutôt une détérioration considérable des libertés publiques. Combien d’activités de la société civile sont en prison ? Cet état de fait est contraire aux engagements du président de la transition, quand il prenait le pouvoir. (…). J’ai toujours dit que la Guinée n’est pas un pays, mais un projet de pays. Ce n’est pas un pays parce qu’aujourd’hui, tout le monde se demande où va la Guinée, on s’interroge sur la situation de notre pays, on se demande si nous sommes vraiment gouvernés, est-ce que le président maîtrise vraiment la situation, est qu’il est là pour mener la transition à court terme ? », a-t-il expliqué d’entrée.
Poursuivant, Boubacar Sylla a affirmé qu’on ne peut parler de dialogue dans un pays alors que les acteurs clés de ce dialogue sont, soit en prison ou forcés à l’exil.
« On ne peut pas parler de dialogue dans un pays, si l’ensemble des entités qui doivent aller, ne conjuguent pas ce même verbe. Les acteurs qui doivent aller au dialogue sont, soit en prison ou en exil. Quel que soit ce qu’on reproche à Sidya, Kassory ou Cellou, où est la liberté publique qui est le fondement de la nation. Pour moi, tous les gens qui sont en prison ne le sont que parce qu’ils ont servi ce pays. On se demande pourquoi continuer à garder ces gens du RPG-AEC en prison sans les juger ? Pourquoi ne pas les emmener devant le tribunal, les juger et les condamner s’ils sont coupables ? Ce dialogue est déjà un échec, c’est un échec parce que, c’est quand l’ensemble des parties impliquées convergent vers la table de dialogue qu’on parlera de dialogue. Quel que soit ce qu’on peut dire, l’UFDG, le RPG-AEC et l’UFR sont aujourd’hui les plus grandes forces politiques de ce pays. On ne peut pas persécuter les acteurs de ces partis politiques et ensuite parler du dialogue. À moins qu’ils veuillent dialoguer avec d’autres, mais si c’est la classe politique, c’est déjà un échec. Il faut qu’on sache avec qui on dialogue et sur quoi on va dialoguer ? On ne peut pas mettre des acteurs clés d’un dialogue dans une certaine position et parler de la réussite de ce dialogue », a-t-il lancé.
Par ailleurs, Boubacar Sylla a soutenu que pour la réussite de la transition, les autorités de Conakry doivent mettre de côté, des considérations fratricides.
MohamedNana Bangoura