Le 1er janvier dernier, l’Etat guinéen à travers le patrimoine bâti public, a repris l’opération de récupération des domaines de l’Etat en mettant le cap sur la commune de Dixinn à travers les cités Camayenne et Cameroun.
Cette opération est intervenue, après l’expiration de préavis donnés par l’Etat aux occupants de ces maisons qui servaient, autrefois, de logements pour les cadres de l’administration publique.
Selon Boubacar Bah, président de l’ordre national des architectes de Guinée, on devrait profiter de ces opérations pour procéder à une rectification urbaine de Conakry.
« Il est important et c’est normal de récupérer les domaines de l’Etat, mais comment procéder, peut-être c’est là qu’il faut faire la différence. Avec les domaines récupérés et surtout que certains de ces domaines se trouvent au centre-ville, il faudrait penser à une rectification urbaine en consultant des architectes pour que des propositions soient faites qui intègrent les nouveaux investissements sur ces domaines là en tenant compte le plan urbain de toute la ville. Si hier ces cités qu’ils veulent renouveler se trouvaient en banlieue de banlieue de Conakry, aujourd’hui, c’est en plein centre ville. Par conséquent, on ne peut pas ériger des cités en plein centre-ville parce que des cités, le plus souvent, ce sont des habitations individuelles groupées. On ne peut pas ériger ça en plain centre-ville, il faut penser à d’autres équipements modernes et notre capitale a besoin de ça. Il faut penser à des immeubles, à des supermarchés, ainsi de suite. Aussi, à une architecture plutôt verticale pour donner une certaine silhouette imposante à la capitale. Jusqu’à ce jour, Conakry s’est développée de manière très lunaire et horizontale. On a fait mal à la ville capitale. Il y a peu d’immeubles verticaux. On devrait, par cette occasion, revoir cette tendance pour donner un aspect de puissance à la capitale en érigeant des ensembles immobiliers verticaux qui soient des centres administratifs, des centres commerciaux, des supermarchés et/ou d’autres équipements sportifs et culturels. C’est à cela on devrait penser parce que la Guinée en manque beaucoup », a-t-il expliqué.
Poursuivant, Boubacar Bah propose qu’on appuie sur les capitales régionales pour développer des activités économiques afin d’éviter à Conakry, un exode rural qui occasionne, par endroit, des occupations illégales de domaines de l’Etat.
« Dans les années 1970, Camayenne était vraiment la banlieue de Conakry. Mais aujourd’hui, architecturalement et fonctionnellement, c’est le centre-ville de Conakry. On ne devrait donc pas, du point de vue architecture et urbanisme, ériger une cité dans une ville. Dans d’autres pays, on pense plutôt, au-delà des capitales politiques et économiques, à créer de nouvelles villes. Mais en Guinée, est-ce qu’on en a besoin tout de suite ? A mon avis, non. La nature nous offre quatre régions naturelles et quatre régions naturelles disposes d’une capitale avec des capitales importantes et souvent naturellement belles. Il faut s’appuyer sur ces capitales régionales pour les développer, les équiper, développer des activités économiques. Et Dieu a fait que toutes les capitales régionales sont situées à des frontières avec des pays limitrophes. Si ces capitales étaient équipées et organisées, elles auraient pu servir de pôle de développement ; ça aurait évité à Conakry, tout cet exode rural. Conakry abrite aujourd’hui, plus du 1/3 de la population guinéenne avec toutes les conséquences physiques en termes, notamment d’insalubrité, de logements indécents, de criminalité, d’embouteillage. En s’appuyant sur des capitales régionales, on aurait pu éviter tout ça à la capitale guinéenne », a-t-il lancé.
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