Hadja Ramatoulaye Bah, commissaire à la CENI, a animé un point de presse ce lundi 23 octobre 2017. Dans une déclaration lue devant les hommes de médias, la commissaire a fustigé l’attitude du président de l’institution électorale qui, sur demande de l’UFDG, lui a retiré la gestion des démembrements de Dalaba et des activités de la CENI à Pita.
Elle explique d’abord qu’à l’instar des autres commissaires, elle a été affectée, sur une base consensuelle, comme superviseur sur l’axe Dalaba/Pita en septembre 2015.
« Pour Pita, c’est pour l’installation des nouveaux démembrements de la CENI, alors que pour Dalaba c’est pour toutes les activités de la CENI… Je rappelle que j’étais également marraine de Dalaba en tant que ministre. J’ai donc eu à connaitre mieux la localité« , précise-t-elle.
De mars à juin 2016, la commissaire a effectué une visite de terrain. A Dalaba, elle réussi à installer les démembrements (CEPI et CESPI).«Les autorités administratives de Dalaba m’ont félicitée personnellement pour avoir pu maitriser la situation et installer enfin les démembrements », dit-elle avant d’ajouter qu’elle a même été primée par la CENI à travers le département planification.
«A Pita, j’avais rejeté la liste établie par l’UFDG où il (le parti UFDG), s’attribuait 16 places sur 27 alors qu’il y avait six partis représentés. Lorsqu’ils se sont réunis à ma demande pour se repartir équitablement les 27 places, ils ont eu un consensus avec toujours une légère marge pour l’UFDG » ajoute-t-elle.
Tout semblait donc bien fonctionner. Le jour de la prestation, le responsable fédéral de l’UFDG, par ailleurs « maire » de Pita, se serait levé dans la salle pour menacer tout membre qui prêterait serment sur la base de cette liste. Face à ce blocus, la commissaire plie donc bagage et revient à Conakry.
Il y a à peine 10 jours, les démembrements de Pita ont demandé à être installés afin de pouvoir bénéficier des avantages, à l’instar des autres démembrements.
« Je me suis préparée donc à aller à Dalaba pour superviser les opérations de rémobilisation et à Pita pour installer les démembrements toujours sur une base consensuelle. Une semaine avant notre mission de terrain, le Président de la CENI nous lit une lettre signée par le Président de la Délégation spéciale de Pita, demandant que les démembrements soient installés mais que Hadja Ramatoulaye ne fasse pas partie de la mission de Pita », fait savoir la commissaire.
Une commission est mise en place pour réfléchir sur cette requête du maire de Pita. Celle commission, selon Hadja Ramatoulaye Bah, recommande que la commissaire soit accompagnée par d’autres collègues.
Contrairement à cette recommandation, le Président de la CENI déclare à la commissaire qu’elle n’ira plus. « Sa raison c’est qu’il veut continuer à apaiser le climat politique, surtout qu’à présent, la CENI a bonne presse. Mais qu’aussi c’est pour ma propre sécurité (…). A part la menace, un commissaire a dit ouvertement qu’en fait, il faut ménager l’UFDG, le plus grand parti de l’opposition. C’est la raison principale de m’enlever sur l’axe du Fouta », révèle-t-elle.
« Je n’accepte pas la raison donnée par le Président car cette raison me prive de mon indépendance en tant que Commissaire d’exercer mes responsabilités de commissaire et aussi m’empêche de respecter le principe à valeur d’Egalité entre les partis. Dois§-je recevoir des instructions d’un parti et obéir à ses désirs ? Je dis tout haut et for Non », a-t-elle mentionné.
«Je demande aux autorités de mon pays et à toutes les institutions républicaines de continuer leurs nobles efforts à bâtir ensemble le socle de la démocratie qui est l’un des facteurs unificateurs, stabilisateur et de croissance économique. Car sans crédibilité de nos institutions, il n’y a pas d’épanouissement pour le peuple », conclut Hadja Ramatoulaye Bah.
A suivre…
Thierno Amadou M’Bonet Camara