Âgée d’une trentaine d’années, Oumou Hawa Barry a subi des séances de tortures, des jours durant. Mère d’une petite fille, elle a été brûlée au niveau du ventre par un marabout, avec la complicité manifeste, dit-elle, de son mari qui l’accuserait d’avoir dérobé 100 millions GNF.
Retrouvée chez elle, avec des brûlures sur le corps, la jeune Dame qui peine à se mouvoir est inconsolable face à la douleur qu’elle endure depuis des jours. Oumou Hawa Barry, craignant pour sa vie, accuse son époux de lui avoir fait subir des séances de tortures entre le dimanche 27 février et le 1er mars 2023.
Ne sachant plus à quel saint se vouer, la jeune dame décide enfin de briser le silence.
« Cela fait maintenant dix (10) longues années, depuis que je me suis mariée. Durant cette décennie, mon mari m’a fait subir beaucoup de choses, il est allé jusqu’à me priver de nourriture, mais j’ai tout accepté au nom des principes qui régissent le mariage. Cette fois, c’en est de trop ! J’ai donc décidé de briser le silence, il faut que je m’exprime parce que je ne sais pas si je vais vivre demain après, sur torture qu’il m’a fait subir en complicité de son marabout, parce que je ne sais pas si je vais survivre. Rien n’est sûr, vu la douleur que je ressens », a-t-elle confié en larmes.
La première fois chez le marabout
‘Je précise que je suis dans un foyer polygame, le dimanche dernier, je suis allée au marché et j’ai fait la cuisine, j’ai servi tout le monde à manger y compris mon mari. Vers 18heures, il m’a dit en privé, de m’apprêter pour l’accompagner au quartier Aéroport. Je me suis apprêtée, après la prière de 19 heures lui mes co-épouses et moi sommes sortis de la maison pour nous rendre au quartier Aéroport. Mais, honnêtement je ne connais pas la route que nous avions empruntée. Arrivés à destination, mon mari nous a invité à descendre de la voiture avec mes coépouses. Mon mari Elhadj Ousmane Bah est rentré dans la cour, quelque temps après, il nous a demandé de rentrer avec mes coépouses. Arrivées au salon, on s’est installées, notre mari est rentré dans une chambre et il a mis du temps. En sortant on l’a aperçu avec un homme mais moi je ne savais pas que c’était un marabout »
Début de ses ennuis
Le marabout m’a invité à rentrer dans sa chambre, je suis allée sans arrière-pensée. A ma grande surprise, il m’a demandé si je savais où se trouvait l’argent. Ébahie, je lui ai posé la question quel argent ? Il rétorque, les 100millions qui ont disparu dans la maison de votre mari, perdue, j’ai répondu non, je n’en sais rien et que je n’en ai jamais entendu parler. Il m’a dit de sortir et à tour de rôle mes deux autres co-épouses se sont succédé, mais je ne sais pas de quoi ils ont parlé, honnêtement. Plus tard, il m’a encore appelé par mon nom Oumou Hawa Barry, je suis rentrée et il m’a reposé la question de savoir si je sais où se trouvait l’argent je lui ai dit non.
Ainsi il m’a exigé de juré en ces termes : « Moi, Oumou Hawa Barry, si je connais où se trouve l’argent que cette marmite m’interpelle mais si je n’en sais rien que Dieu soit mon unique mentor ». Après ça, le marabout a pris du feu pour mettre dans la marmite. Il a pris cette marmite chaude pour la coller sur mon ventre. Ainsi, il a continué à me bombarder de questions, j’ai continué à réitérer que je n’en savais rien. De torture en torture, il m’a dit de reconnaître et là j’ai compris qu’il va me tuer, j’ai dit que c’est moi qui ai pris l’argent. Mais même après ça, il n’a pas enlevé la marmite sur mon ventre. Mon mari a dit que la marmite va y rester jusqu’à ce que mes parents arrivent, même s’ils trouvent mon cadavre il n’a qu’à continuer. C’est ainsi qu’ils ont continué à me torturer et ont fait appel à mes parents, quand ces derniers sont arrivés, il y en a qui n’ont pas pu se contrôler face à mon état et je précise que cela a duré du dimanche à mardi et ma tante a failli s’évanouir.
Dans un état critique, elle a été déposée par son mari au commissariat central de Nongo
Mon mari ne s’est pas limité à ça, il m’a conduit au commissariat central de Nongo pour me mettre en garde à vue. Mes tantes sont venues me trouver là-bas encore. Quand elles m’ont trouvée, elles ont dit aux policiers de regarder mon état, les policiers quand ils ont vu les brûlures sur mon ventre, ils ont dit que mon mari n’avait autre volonté que de me tuer, ils ont de sitôt écrit un papier qu’ils ont mis à la disposition de mes tantes pour qu’elles me conduisent à l’hôpital Ignace Deen. Arrivées là-bas, ils ont prescrit une ordonnance qui nous a coûté plus de 500.000 GNF, mais le médecin nous a dit qu’il ne peut pratiquer l’échographie sur cette plaie pour ne pas empirer la plaie…
Avant de passer cette étape, je précise que chez le marabout, mon mari sous l’effet de la torture, m’a fait signer un papier dont j’ignore le contenu.
Oumou Hawa Barry demande justice et l’aide des autorités et organisations de défense de droit de l’homme.
Ma famille a, à son tour, porté plainte le jeudi 2 mars 2023. Mais, je ne veux pas m’arrêter là, parce que je veux voir clair dans cette affaire, je veux que m’a dignité soit restaurée, que justice me soit rendue. Je demande le soutien de tout un chacun, je demande le soutien des organisations des défenses des droits de l’homme en général et des droits de la femme en particulier. Je ne vais plus me taire, je souffre aujourd’hui. Toutes les opérations que j’ai subies auparavant me font mal, je ne mange pas, je ne dors pas, je ne peux pas m’arrêter correctement. Je souffre tellement que je crains pour ma vie, rien n’est plus sûr pour moi, et quand je regarde ma fille je voudrais me battre pour elle. Aidez-moi à obtenir justice je vous en conjure.
Hadjiratou Bah