Arrosée par près de 1 170 cours d’eaux, la Guinée a 300 kilomètres de côtes.
Malheureusement, le citoyen guinéen a trop soif en 2023, malgré cette abondance hydrique. C’est dans ce cadre que les travaux du forum national sur l’eau et l’assainissement ont été lancés ce mercredi 10 mai à Conakry.
C’est le premier ministre qui a présidé la cérémonie de lancement, en présence du président du Conseil National de la Transition, du ministre malien de l’eau et des mines, ainsi que des membres du gouvernement.
Ce présent forum fait suite à la situation préoccupante actuelle du secteur de l’eau et de l’assainissement à l’effet d’assurer une meilleure gouvernance de l’eau dans le pays.
Il vise à établir et à valider de manière participative une feuille de route des secteurs de l’eau et de l’assainissement alignés sur les priorités nationales. Cette feuille de route servira d’outil pour mobiliser et susciter l’intérêt et le positionnement des partenaires techniques et financiers pour sa mise en œuvre.
Pendant trois jours, les participants débattront de plusieurs thématiques notamment : l’amélioration de l’accès à l’eau en milieu urbain, défi et propriété, investissement ; les réformes institutionnelles, organisations, alimentation en eau en milieu urbain ; l’accès à l’eau et à l’assainissement en milieu rural ; l’accès à l’assainissement en milieu urbain ; les réformes politiques et institutionnelles; ressources en eau de la Guinée, état des lieux et de gestion….
Dans son allocution de circonstance, le ministre de l’énergie et des hydrocarbures a rappelé qu’en dépit de l’abondance des cours d’eau, la Guinée peine à tirer profit de sa dotation naturelle en raison dit-il d’une faible mobilisation et une valorisation insuffisante de ses ressources, une protection inappropriée des ressources en eaux pour satisfaire les besoins socioéconomiques et environnementaux, un sous investissement dans le secteur des infrastructures d’eau, une capacité opérationnelle très limitée des fournisseurs des services d’eau, un faible recouvrement des coûts de service d’eau.
«Ces constats nous éloignent de l’objectif Nº6 de développement durable assigné à chaque Etat d’ici 2030 qui est d’assurer l’accès universel et équitable en eau potable à un coût abordable et pour l’ensemble de la population (…). En effet, le taux d’accès global des populations urbaines à l’eau potable à travers les réseaux de la SEG est d’environ 31% dont 40% à Conakry et 26% dans les villes de l’intérieur avec une desserte par intermittence ou par délestage »,a indiqué Aly Seydouba Soumah.
Tout comme le secteur de l’eau, l’assainissement n’est pas aussi développé en Guinée. Le seul réseau debout se trouve à Conakry et s’il existe quelques stations de traitement des eaux usées et des stations de pompage, elles ne sont pas pleinement opérationnelle.
«Dans le secteur de l’assainissement les difficultés sont similaires avec beaucoup plus d’acuité sur le manque d’infrastructures d’assainissement et la gestion des eaux pluviales et usées non maîtrisées…», a-t-il ajouté.
Pour résoudre ce problème, les conclusions des études menées ont estimé le besoin en financement pour les travaux d’infrastructures du secteur d’eau à environ 2 milliards 700 millions de dollars US.
« L’État guinéen a décidé de prendre en charge les 20% de ce montant. De même la banque mondiale a annoncé une contribution de 200.000.000 de dollars US pour financer les projets d’adduction d’eau et d’assainissement », a annoncé le ministre Aly Seydouba Soumah.
De son côté, le ministre du budget, a rappelé que plus d’un milliard de la population mondiale vit dans une extrême pénurie d’eau, dont les conséquences sont à la fois économiques écologiques et stratégiques.
Dr Lancinè Condé pense que pour apporter une réponse à ces multiples effets, les pouvoirs publics doivent développer des politiques et des stratégies appropriées et mobiliser les ressources nécessaires pour permettre la mise en œuvre des projets permettant de couvrir les besoins des populations en eau et réussir l’assainissement en milieu urbain et rural.
«Je profite de cette tribune pour réaffirmer l’engagement du gouvernement au paiement des 20% du coût nécessaire », a rassuré le ministre du budget.
En présidant l’ouverture des travaux, le premier ministre Chef du gouvernement, focalisant sa communication sur le fait que la Guinée n’arrive toujours pas à tirer profit de son potentiel, a signalé que le pays enregistre depuis toujours, des déficits récurrents qu’il faut très rapidement résoudre, notamment la faiblesse des investissements publics, amenant les populations à recourir à des forages de manière incontrôlée qui constituent une réelle menace de l’environnement aujourd’hui.
« Dès lors, il s’avère nécessaire et urgent de mettre en place les conditions requises pour la mobilisation et la valorisation des ressources en vue de répondre aux besoins fondamentaux de nos populations. Comme nous venons de le voir, beaucoup d’investissement nécessaires où le coût s’élève à 2,7 milliards de dollars dans lequel le ministre du budget vient de confirmer la participation à 20%. Nous remercions donc de passage la Banque Mondiale dont sa contribution s’élève à plus de 200 millions. J’ai donc grand espoir que les échanges qui seront menés permettront d’établir et de valider une feuille de route du secteur de l’eau et de l’assainissement, suivant une approche participative », dira le premier ministre Goumou.
Alhassane Fofana