Bien que des médecins s’opposent au contrat de concession signé entre l’État guinéen et une société canadienne pour la gestion de l’hôpital Donka les cinq (5) prochaines années, le chef de département de tutelle promet de bonnes choses.
Contrairement aux pratiques antérieures, le ministre annonce que dorénavant toutes les dispositions sont prises, afin que la gestion des fonds soit transparente au sein de l’hôpital.
À travers ce nouveau départ, les évacuations d’urgence à l’étranger vont s’atténuer selon Mamadou Péthè Diallo. Chaque guinéen aura droit donc à être pris en charge, sans tenir compte de ses moyens ou de son rang social.
« Ils sont dans leur droit. Tout citoyen guinéen qui pense qu’une décision de son gouvernement l’affecte a le pouvoir de demander un recours. Avec le système qui est mis en place, tous les cris que vous entendez, c’est parce que maintenant quand vous allez à Donka aucun médecin ou infirmière ne va vous tirer au coin pour vous demander 10 millions avant d’opérer votre enfant. Si ça coûte 10 millions, vous allez avoir une carte numérique pour votre enfant à l’entrée avec ses coordonnées. Vous irez ensuite à la caisse où tous les tarifs sont affichés, vous payez à la caisse et cet argent va à la cagnotte qui sera utilisée par tout le monde », a-t-il annoncé.
La gestion de la restauration, du carburant, des déchets sera coordonnée par le concessionnaire.
«Les gens peuvent venir visiter, mais les malades vont manger les repas prescrits par leurs médecins. Le restaurant est là, il y aura une contractualisation avec une société guinéenne », ajoute-t-il au micro de nos confrères de FIM FM, avant de préciser que les médecins ne vont plus courir vers la buanderie pour laver leurs blouses.
« Quand vous partez vous laissez votre blouse au bureau, le lendemain matin vous la trouvez bien repassée et posée sur votre bureau ».
L’hôpital sera ravitaillé en médicaments par la pharmacie centrale de Guinée. Il s’agit là des produits pharmaceutiques respectueux des normes subventionnés par l’Etat, afin d’amoindrir le coût aux populations.
Quant aux équipements, une enveloppe de près de 30 millions de dollars a été déboursée, en vue de faciliter la tâche au concessionnaire qui a l’obligation d’enregistrer numériquement tous les instruments.
« Les appareils ne vont plus quitter l’hôpital pour les cliniques privées, parce que c’est notre bien à tous. Voilà un peu ce travail que personne n’aime faire mais quelqu’un doit surveiller cela pour nous, pour que notre argent ne soit pas détourné par quelques personnes », a insisté le ministre de la santé.
Dans le cahier de charge de la société canadienne, il est mentionné qu’à la première année des tâches spécifiques pour lesquelles la Guinée ne dispose pas de spécialiste vont être amorcées.
« La décision de faire la dichotomie entre la gestion de l’hôpital qui est un travail de gestionnaire et l’offre de soins qui est le travail des médecins suppose qu’on est des gens compétents. Donc, le concessionnaire a à sa charge l’identification avec les autorités guinéennes de ces personnes, leur formation localement où en les envoyant dans les pays occidentaux et à leur retour qu’ils occupent des postes de responsabilité », a précisé ce médecin de profession devenu ministre de la santé, qui déplore le retard de la Guinée dans ce domaine.
« Nous n’avons jamais fait cela en 60 ans. Chez nous, il y a toujours l’amalgame-là. Vous avez un médecin professeur agrégé vous le nommez directeur de l’hôpital. C’est un très bon chirurgien mais au moment où il s’apprête à entrer au bloc opératoire, on l’appelle sur son portable pour lui dire que le générateur ne marche pas, parce qu’on n’a pas de carburant ou dans les toilettes il n’y a pas d’eau. Un médecin n’est pas formé pour gérer des toilettes. Mais si les toilettes ne sont pas gérées dans un hôpital, ce ne serait plus un hôpital. Donc, quelqu’un doit faire ces tâches ingrates-là que vous et moi ne voyons pas mais c’est ce qui fait marcher l’hôpital. C’est ce travail qu’on a confié au concessionnaire, ce que les autres n’aiment pas faire. Il montre aux guinéens en fait qu’il y a du travail à faire », a-t-il rassuré.
Le ministre Péthè déclare que les canadiens vont apporter une expertise internationalement reconnue dans le domaine de la préparation, de l’activation et de la gestion hospitalière. D’où l’idée d’un transfert de compétences.
« Pour le moment nous n’avons pas de chirurgien cardiaque pourtant on a les appareils à Donka. La plupart des gens qui ont eu un AVC et qui meurent par la suite, c’est parce qu’on ne peut pas faire ce travail- là », a-t-il déploré.
Hadja Kadé Barry