Le tollé né de l’élection des membres du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) est loin de s’estomper. Les dessous de l’élection de Monsieur Ibrahima Sory 1 Tounkara dans la catégorie des présidents des Tribunaux de première cache un certain désordre dans ce corps de métier.
En effet, dans la course pour cette élection, 13 postes étaient à pourvoir. Si pour les 12 autres postes la convoitise était plus ou moins rude, la candidature pour le poste réservé au Président du Tribunal de première instance désigné par ses pairs s’annonçait davantage gagner par Monsieur Pierre LAMAH, Président du Tribunal de Commerce de Conakry, a-t-on appris de bonnes sources.
Il ressort des informations à notre portée que les présidents des Tribunaux de première instance du pays s’étaient accordés pour ne pas convoiter cette catégorie au profit de Monsieur Pierre LAMAH. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’intéressé, rassuré par le soutien de ses pairs, ne s’est pas empêché de se rendre à Dakar pour des raisons professionnelles.
Au lundi 7 mars 2022 à 12h 00, date limite du dépôt des candidatures, Monsieur Pierre LAMAH était l’unique candidat dans cette catégorie, et Messieurs Ibrahima Sory 1 TOUNKARA et NFaly SYLLA, respectivement présidents du Tribunal de première instance Kaloum et le Tribunal pour enfants, ont postulé pour la catégorie des six magistrats à élire en assemblée générale des Cours d’appel.
Contre toute attente, le mercredi 9 Mars 2022, jour de l’élection des Membres du CSM, le Chef de Cabinet du Ministère de la Justice et des droits de l’Homme a arrêté une liste sur laquelle Monsieur Pierre LAMAH s’est retrouvé curieusement en compétition avec ses homologues Ibrahima Sory 1 TOUNKARA et N’Faly SYLLA alors que ces derniers avaient candidaté pour être élus parmi les Magistrats à élire en assemblée générale des cours d’appel.
Face à cette confusion, Monsieur Pierre LAMAH aurait saisi le même jour le Collège électoral (composé du Ministre de la Justice et des droits de l’Homme, le Premier Président de la Cour suprême et le Procureur Général près de ladite cour) et ce avant le vote, à l’effet d’examiner les actes de candidature des trois personnes concernées et au besoin de rectifier l’erreur se trouvant dans la liste des candidats.
Le même jour, le Ministre de la Justice s’étant ravisé de l’erreur commise, a aussitôt rectifié le tir en déclarant irrecevable la candidature des sieurs Ibrahima Sory 1 TOUNKARA et N’Faly SYLLA avant de constater que seul Monsieur Pierre Lamah avait candidaté dans sa catégorie.
Mais entre-temps, les présidents des tribunaux de première instance avaient procédé à l’élection qui a mis aux prises ces trois Magistrats et Monsieur Ibrahima Sory 1 Tounkara a été déclaré vainqueur.
Force est de constater que cette situation dévoile assez de malaise dans le corps de la Magistrature. Certains accusent le Ministre de la Justice d’être assez subjectif dans ses démarches et d’autres épinglent le manque de loyauté et d’éthique des sieurs Ibrahima Sory 1 TOUNKARA et N’Faly SYLLA qui se sont rétractés après la date limite de dépôt des candidatures pour compétir avec leur homologue à qui ils avaient préalablement apporté leur soutien et promis la non concurrence.
En tout cas, tous les regards sont tournés vers le Collège électoral déjà saisi de la contestation de Monsieur Pierre LAMAH.
Pendant ce temps, l’Association des Magistrats de Guinée s’est déjà fendu d’un communiqué dans lequel elle reconnait l’élection de Monsieur Ibrahima Sory 1 TOUNKARA et fustige les velléités tendant à imposer Monsieur Alphonse Charles WRIGT au CSM alors qu’il ne remplit pas l’ancienneté de 10 ans d’expériences exigée par la loi.
S’achemine-t-on vers un premier bras de fer entre le CNRD et les Magistrats ? Wait and see.
Mohamed Bangoura