Pour les spécialistes, la diplomatie change, s’adapte, se contracte ou prend de l’expansion au gré des changements de régimes politiques et des exigences contextuelles.
Les décisions prises récemment par le CNRD pour le rappel de bon nombre d’ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires à l’étranger offre une nouvelle opportunité pour une offensive diplomatique. Et cela prouve à suffisance que le métier de la diplomatie n’est pas un dépotoir pour anciens ministres
En effet, cela suppose d’abord que le CNRD veut d’inscrire notre ambition diplomatique dans le contexte mondial. Cet esprit de changement des nouvelles autorités nous donne à penser que la cohérence doit ainsi suivre trois axes forts : i) la sécurité, ii) l’indépendance, et iii) e rayonnement de la Guinée qui doit tenir son rang dans un monde profondément bousculé et faire entendre sa voix tout en s’inscrivant dans le cadre du multilatéralisme.
Pour Dr Morissanda Kouyaté, actuel Ministre des Affaires étrangères, la diplomatie fait partie intégrante de notre effort collectif de développement, et l’action que mènent nos diplomates à l’étranger n’est rien d’autre que le prolongement de la lutte que mènent au pays tous les Guinéens pour un devenir meilleur. Faire de la Guinée un pays émergent, paisible dans le cadre d’un partenariat stratégique rénové avec le monde et mis au service d’une vraie communauté internationale : voilà une clé pour bien des problèmes de notre temps sous la direction de Dr. Kouyaté.
Du point de vue de l’efficacité, cette manière de faire du CNRD soulève assez d’espoir et promet un cadre d’action nouveau pour une alliance nouvelle de politique extérieure de la Guinée.
Certes, les critiques observent par ailleurs que certains de nos ambassadeurs non diplomates de carrière sont nommés plus pour servir de garçons de courses à l’extérieur pour leurs commanditaires restés au pays, que pour défendre les intérêts des guinéens.
À ce sujet, la cohésion sociale est à la fois une préoccupation, un contexte de création et une aspiration de plus en plus affirmée de ce nouveau gouvernement. Comme disent les Anglo-saxons : “ la politique intérieure d’un État est le reflet de sa politique extérieure. “ Ce sont là les grandes lignes d’espoir que donne le gouvernement pour un changement fondamental qui permettrait d’arriver à nos objectifs.
A l’heure actuelle, il est doublement impératif pour bon nombre de Guinéens de réorienter l’approche de notre diplomatie, œuvre qu’a entamée Dr. Morissanda Kouyaté avec hardiesse et dévouement. Aujourd’hui, la volonté manifeste d’imposer la voix guinéenne sur la scène internationale en se basant sur la force persuasive du « soft power » et de renforcer les relations inter-africaines pour la réussite de la transition politique et le rayonnement de notre diplomatie est salutaire. Selon certains analystes, cette politique a le potentiel de renouer et mobiliser des acteurs non-étatiques, des fondations, des think thanks, des ONGs et des entreprises, pour en faire des multiplicateurs d’influence, en vue du rayonnement diplomatique de la Guinée.
Une telle approche ne vise en aucun cas à remettre en cause notre souveraineté, mais à faire comprendre que l’État ne peut être le seul acteur tissant les réseaux d’influence informels nécessaires au leadership international. Ce constat s’inscrit, à coup sûr, dans la nécessité d’une orientation plus proactive de notre politique extérieure et ne pourra que contribuer à l’essor économique et au rayonnement de la Guinée.
Aboubacar Diaby
Spécialiste et consultant en Diplomatie et relations internationales
Charge de programme a FHI360-Washington, DC.