Peuple de Guinée,
Le premier cas d’Ebola en Guinée a été enregistré le 6 décembre 2013 dans la préfecture de Guéckédou, au sud-est, où un garçon de 2 ans a été atteint par une maladie « inconnue ». C’est seulement plus de trois mois après que les autorités guinéennes, avec l’aide des Médecins Sans Frontières (MSF), confirmèrent la présence du virus Ebola en Guinée, laissant ainsi le temps à la maladie de se propager à l’intérieur du pays et dans les pays voisins, notamment en Sierra Leone et au Liberia. Elle y a causé 2544 décès sur 3814 cas enregistrés en Guinée. Pour l’ensemble des pays touchés, il y eut au total 28 616 cas confirmés, probables ou soupçonnés, plus de 11 310 décès et 23 588 orphelins. La transmission du virus prit fin le 1erjuin 2016.
Mon peuple te voici encore face à une autre pandémie appelée « Covid-19 » très méchante et très dangereuse pour l’organisme humain. Ensemble, unissons-nous pour bouter hors d’état de nuire cette pandémie.
La lutte sera certes à la fois difficile et compliquée mais elle ne sera pas impossible et elle ne doit même pas l’être s’il est vrai que nous devons continuer à vivre ici-bas.
Peuple de Guinée, on peut avoir tous les moyens nécessaires et perdre un combat tout comme on peut avoir peu de moyens et gagner dans un combat ; tout dépend de l’organisation, de l’engagement et de la volonté politique en place d’un côté et de l’autre, du comportement individuel de chaque membre de la société. ll faut donc que chacun de nous mette en tête que son apport personnel est utile dans ce combat. Que cet apport peut se matérialiser par des assistances financières, matérielles ou tout au moins par le simple respect des consignes données pour éviter la maladie. Soyons forts et acceptons l’effectivité de la maladie pour qu’en fin que l’on parvienne à la combattre.
Alors je demande au gouvernement guinéen d’être souvent plus rapide et plus rigoureux dans la prise de décision pour la lutte contre cette maladie. Je voudrais également demander humblement que les décisions prises soient suivies par des mesures d’accompagnement pouvant réellement soulager et rassurer le peuple qui est déjà affaibli par la pauvreté et la peur au ventre.
Les mesures prises par le gouvernement sont certes bonnes et ne sont pas contre le peuple ; elles sont plutôt prises pour protéger le peuple. Mais il faut aussi reconnaitre que ces mesures doivent par endroit être améliorées de plus. A titre d’exemple, la mesure qui consiste à dire à un suspect ou à un contact de s’autoconfiner dans sa famille jusqu’à 14 jours ne me semble pas productive ou meilleure. Plutôt pour moi cette mesure est dangereuse car s’il se trouve que ce cas suspect autoconfiné est porteur sain du virus, il va contaminer les éléments de sa famille pendant les 14 jours de confinement. Si c’est un père de famille, pendant qu’il pratique le confinement en famille, il sera en perpétuels contacts avec sa femme, ses enfants ainsi que ses amis et autres parents proches. Ceux-ci peuvent être alors contaminés et peuvent à leur tour propager la maladie car chacun de ces éléments sort pour aller vaguer à ses affaires à travers le quartier où il vit ou à travers toute la ville.
Il serait donc salutaire que l’état mette en place des centres de confinement non loin des points d’entrée des personnes en provenance d’autres pays déjà affectés. Ainsi ces personnes doivent obligatoirement éponger les 14 jours dans ces centres de confinement avant de regagner leurs familles respectives. L’idéale serait aussi que des dispositifs de détection rapide de la maladie soient installés à tous les points d’entrée. Et cette mesure doit être appliquée à toutes les personnes sans considération de titre ni rien. Et que tout le monde accepte de se plier à cette règle.
Chacun de nous a l’obligation d’être conscient et responsable pour jouer sa partition dans l’éradication de cette maladie. Acceptons alors de se déclarer volontairement quand on sait qu’on est porteur du virus ou que l’on vienne de quitter un pays déjà affecté par la maladie.
Acceptons de déclarons également toute personne nouvellement venue dans nos quartiers, secteurs ou familles et qui aurait séjourné dans les pays affectés et cela quel que soit la force et la nature du lien entre la personne et nous.
Nous ne gagnons rien en dissimulant un malade si n’est pour contribuer à la propagation de la maladie. Or, on doit savoir qu’on a l’obligation de se protéger, de protéger sa famille et son voisinage.
Par ailleurs, je salue de passage l’intervention du ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Je partage pleinement son point de vue et souhaiterais que ses déclarations soient matérialisées. Je voudrais que les autorités guinéennes placent confiance pour une fois à l’intelligentsia guinéenne. En plus des acquis dont disposent les structures de Conakry pour la recherche et le diagnostic des pathologies émergentes, il existe d’autres structures, à l’intérieur du pays, capables de faire autant dans le domaine de la recherche et du diagnostic. La ressource humaine ne manque pas et surtout que ces structures sont des acquis de l’état, il faut profiter du moment pour les valoriser.
De nos jours, l’Institut Supérieur des Sciences et de Médecine Vétérinaire (ISSMV) de Dalaba dispose des appareils de dernières générations pour les diagnostics en biologie moléculaire et pour plusieurs recherches de natures différentes. Le personnel y existant ne manque pas d’expertise et de volonté. Valorisons de plus nos vétérinaires, surtout les vétérinaires épidémiologistes. Ces vétérinaires sont mieux placés pour jouer leur partition dans la lutte contre Covid-19 et n’importe qu’elle autre zoonose à potentiel épidémique ou pandémique.
Avec la volonté et le soutien collectif nous pouvons. Osons seulement…
Pour votre information retenez ceci :
Temps de survie du virus sur les surfaces :
- Paume de la main = quelques minutes
- Vêtements et masques = 12 heures
- Bois = 4 jours
- Papier = 4 à 5 jours
- Verre et métal = 5 jours
- Plastiques = 6 à jours
NB : dilution du chlore 0,05% pour le lavage des mains.
0,5% pour les surfaces et les objets
Dr Yacouba KONATE, DES, MSc. Enseignant chercheur, Chef Service de Laboratoires de l’Institut Supérieur des Sciences et de Médecine Vétérinaire (ISSMV) Dalaba
Spécialité : Epidémiologie des maladies transmissibles et Gestion des Risques Sanitaires (EGRS)
Doctorant – Ecole Doctorale de Thiès (Sénégal).
E-mail : konateyacouba300@yahoo.fr
Tél : 00224 628 206 650