Au centre d’exposition artisanal de N’zérékoré, les artistes ont perdu pratiquement leurs clients qui sont pour la plupart des expatriés ou touristes étrangers. La pandémie du Coronavirus aura tout bouleversé sur son chemin en raison de la fermeture des frontières.
Dès l’entrée principale du centre, on s’aperçoit d’un calme inhabituel brouillé par les cris des oiseaux de la forêt. Les visiteurs ont aussi laissé place à quelques jeunes gens venus pour des séances photo où pour une partie d’anniversaire.
Devant les quelques boutiques ouvertes, le temps n’est plus à l’accueil des visiteurs. Les quelques rares artisans qui s’y aventurent, se lancent dans des débats politiques pour user les heures de la journée.
«On n’a pas le choix que de raconter ce que font les politiques. On ne peut pas rester à la maison comme ça avec les enfants. En venant ici, ça donne l’ère d’être un peu occupé «, raconte un artiste sous couvert d’anonymat.
« Ça ne va pas dehh! C’est chaud», s’exclame Lancinet Farafina Camara, un jeune artiste sculpteur qui s’apprêtait à voyager dans une sous-préfecture afin de régler certaines affaires. L’ère désespérée, il trouve les mots justes pour fermer sa boutique.
« Franchement, on tire le diable par la queue. On vit de nos créations et au lieu de rester sans rien faire, vaut mieux aller gérer d’autres choses de temps en temps», s’alarme ce dernier.
Derrière lui, ses œuvres d’art notamment, les masques n’ont pas fait leur toilette depuis plusieurs jours car dit-il, il a du mal à les écouler. «Vous–même, vous le constatez. Il n’y a pas de clients. Depuis qu’ils ont décrété l’état d’urgence sanitaire, je te jure c’est devenu l’enfer pour nous. Nos clients étrangers ne viennent pas», s’est-il plaint.
La boutique de Lancinet Farafina fait face à celui d’un autre artiste. Là, pas de clients ni de visites guidées. Mais contrairement aux autres, il vient lui de recevoir une demande de tam-tam, commandée par une église protestante.
« On avait des clients au Liberia, en Sierra Leone et en côte d’ivoire.Mais compte tenu de la fermeture des frontières, on essaye de s’adapter pour éviter le pire», explique-t-il.
Le centre d’exposition artisanal de Nzérékoré est composé de plusieurs sections notamment, la teinturerie, la Calligraphie, la sculpture, le bambou chinois et la rafiatérie.
Devant sa boutique de rafia, Marie Madeleine Joue au puzzle à l’aide de son smartphone. Elle garde l’espoir que des clients viendront acheter sa marchandise afin de faire face aux besoins de ses quatres enfants.
« Les sacs là appartiennent aux libériens. Depuis des mois, ils ne sont pas venus et maintenant il faut les exposer pour pouvoir survivre», confie-t-elle.
Sans revenus depuis plusieurs mois, certains artistes ont fermé leurs magasins d’exposition. En attendant l’ouverture officielle des frontières et la levée de l’Etat d’urgence sanitaire, leur secteur d’activité continue d’être durement éprouvés par les conséquences du nouveau Coronavirus.
Alexis Kolié