A travers un communiqué signé du procureur spécial près la Crief, hier mercredi, il a été annoncé l’interdiction formelle de la vente des produits médicaux à tout agent de santé, ainsi que la fermeture des cliniques clandestines.
Réagissant à cette annonce, ce jeudi 1er septembre, dans un entretien avecmosaiqueguinee.com, Dr Mohamed Condé coordinateur de la coalition nationale des professionnels de santé (CONAPROS), a fait part de son soutien à ce point de départ d’une croisade contre les faux médicaments et cliniques clandestines.
Dans le même entretien, il a formulé des recommandations à l’endroit du ministère de la santé.
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Mosaiqueguinee.com : Comment avez-vous accueilli cette annonce du procureur spécial près la Crief Ali Touré, à propos des faux médicaments et fermetures de boutiques ?
Dr Mohamed Condé : J’avoue que nous avons accueilli cette décision du Procureur Aly Touré avec grande satisfaction. Vous savez, depuis des années, nous ne cessons de condamner la vente illicite de médicaments par des noms professionnels qui pose un réel problème de santé publique. Aujourd’hui, il y a des plaintes des patients qui traitent les médecins de faux professionnels car ils ne sont jamais guéris. Mais comment voulez-vous qu’un patient guérisse s’il ne reçoit pas le bon produit et délivré par un professionnel de santé à l’occurrence un pharmacien. Ces commerçants ne doivent pas regarder le gain financier mais plutôt la santé de la population dont eux même font partie et ce qui est décevant, ce sont des personnes qui ne vont jamais consommer ce qu’ils vendent et préfèrent aller à l’extérieur pour se soigner ou importer les bons produits pour leur famille, ça c’est un crime. Donc, je remercie la CRIEF pour son action qui sera déclenchée à partir du 15 de ce mois et j’invite tous les professionnels de santé à accompagner cet acte noble et humanitaire.
Qu’en est-il des cliniques clandestines ?
Par rapport aux cliniques clandestines, il est important que ces cliniques soient fermées, parce que vous retrouvez des cliniques dans deux chambres salon sans aucune condition de qualités de prestations de soins. Donc pour moi, ce sont des mouroirs qu’il faut fermer. Je sais que beaucoup vont se plaindre mais pour bien faire, il va falloir commencer à balayer devant notre porte d’abord.
Avez-vous des recommandations à l’endroit du ministère de la santé ?
Mes recommandations à l’endroit du ministère de la santé sont les suivantes :
– Diminuer le nombre de grossistes
– Lister tous les médicaments enregistrés en Guinée et faire une étude si ces produits sont utilisés non seulement dans les pays où ils sont fabriqués et aussi si ces produits sont utilisés ailleurs. Car par expérience je retrouve le nom de certains médicaments que je ne retrouve nulle part dans le monde. C’est gravissime et ça, ce sont les pharmaciens qui sont à la base aussi car ce sont eux qui envoient ces médicaments pour les faire enregistrer et vendus dans nos officines privées.
– Mettre de bons critères d’ouverture d’une clinique surtout la première, être inscrit à l’ordre national des médecins, avoir une autorisation d’exercice de médecine signée par le Président de l’ordre.
– Lister des médicaments essentiels pour lesquels un tarif sera appliqué sur toute l’étendue du territoire et au même prix.
– Harmoniser les prix des médicaments dans les pharmacies sur tous les médicaments
– Diminuer les taxes d’importation des médicaments pour les grossistes qui seront retenus
– Avoir au moins trois Sociétés de grossistes sinon deux pour permettre de mieux combattre l’arrivée des faux médicaments
– Équiper notre laboratoire de qualité avec des appareils dignes de noms afin de permettre l’analyse des médicaments qui entrent en République de Guinée.
– Augmenter la capacité de la pharmacie hospitalière en médicaments pour mettre fin à la vente des médicaments par les infirmières, les médecins, les sages-femmes etc.
– Interdire toute vente de médicaments dans les cliniques privées car il n’est pas de leur ressort de vendre les médicaments dans les cliniques
– Renforcer la capacité de la PCG en moyen logistique pour faciliter la gestion des médicaments donc avoir un Bon Sytème Gestion Logistique pour que les villages les plus reculés puissent être dotés en médicaments essentiels. Pour que ce combat réussisse, il faut de la rigueur et l’application de la loi dans toutes ses formes.
Je vous remercie Dr Mohamed Condé
Interview réalisée par Saidou Barry