Il était 12 heures, ce samedi 28 janvier 2023 à Sangaréyah-Guéméyiré, quand le casseur de cailloux El Hadj Labadho Gomba Diallo, âgé de 69 ans, la mine sombre, revoyait les décombres de sa maison mise à terre.
C’était lors d’une opération de déguerpissement, menée par le ministère en charge de l’aménagement du territoire, le mercredi 27 janvier 2021 à Kenendé.
«Ce jour, j’étais en famille, j’ai une épouse et 8 enfants. Dans la matinée, j’ai vu deux ( 2) bulldozers qui rôdaient autour des concessions. Quelques heures plus tard, les machines ont commencé à casser des clôtures, puis les maisons. On a informé qu’on devait quitter ces lieux un jour plutôt. Nous étions étonnés et bouleversés. J’ai vu ma maison détruite par les militaires qui conduisaient les machines. J’ai travaillé pendant plus de 20 ans en cassant les cailloux et les revendre à 200 mille GNF. C’est avec cet argent j’ai acheté ce terrain, je me suis efforcé, j’ai construit une maison de quatre chambres et salon, une terrasse, couloir, une petite mosquée et des toilettes externes. Mais aujourd’hui tout est parti, j’ai tout perdu. Je suis sans mot après des années de labeur », s’est lamenté ce père de famille qui a vu plusieurs bâtiments réduits au néant sur les 8 hectares à Guéméyiré.
Dans la même symphonie de cri de détresse et d’apitoiement, El Hadj Labadho Gomba Diallo, cherche à se relever, non sans difficultés.
«Je parviens à pouvoir nourrir mes enfants et mon épouse en continuant à casser les pierres. Mais je suis encore sans-abri, je n’ai plus ma propre maison, mon concessionnaire ne compte pas me laisser longtemps dans sa propriété, c’était une location provisoire, il commence à me réclamer les clés, mais je n’ai pas où aller. Il me faut plusieurs années pour avoir une épargne, je continue de casser les cailloux pour me relever» a-t-il laissé entendre.
Assis sur les gravats de sa concession démolie, à Guéméyiré qui ressemble aujourd’hui à un champ de mine, le doyen El Hadj Labadho Gomba, demande l’aide du président colonel Mamadi Doumbouya, pour un dédommagement des victimes dans cette zone.
« Nous sollicitons l’aide de notre président de la république, c’est lui qui peut nous aider pour être dédommagé. C’est mon appel le plus important», a-t-il conclu, sur un ton émouvant.
Saidou Barry