Le mercredi 27 janvier 2021, le ministère de la ville et de l’aménagement du territoire, a actionné sa machine de démolition à Sangaréyah, secteur du quartier Kenendé, dans la commune urbaine de Dubréka.
Sous le regard impuissant des populations, une trentaine de maisons d’habitations y ont été complètement mises à terre, à Guèmè Yiré, par des bulldozers.
A ce sujet, le porte-parole des victimes de ce déguerpissement, Massa Goïpogui, dans une déclaration rendue publique, ce samedi 28 janvier à Kenendé, a demandé au président Mamadi Doumbouya de dédommager les victimes tout en menaçant de porter plainte contre l’Etat guinéen.
« Le 27 janvier 2021, nous avons été alertés par nos voisins, on a été informé qu’il y a des machines devant nos maisons, pour casser nos maisons. Nous sommes allés pour constater, on a trouvé effectivement que les machines ont commencé à démolir nos maisons, elles ont été mis à terre, sous prétexte que c’est un domaine de l’État. J’étais vraiment écœuré. Pourtant, toutes les personnes qui ont construit ici à Kenendé détiennent des papiers légaux. Nous possédons des titres fonciers, les papiers de donation, les plans de masse, les autorisations de construction et autres papiers. Parmi nous, certains avaient fini de construire, d’autres étaient à 80%. Aujourd’hui les victimes ne connaissent pas les raisons qui ont poussé le ministère de l’habitat à détruire nos concessions. Nous avions adressé des courriers à l’ancien gouvernement et à l’ancien président professeur Alpha Condé. On avait été reçu par le président de l’assemblée nationale Damaro Camara, il a reconnu le tort que l’État a causé à nous et il a promis réparation. Le premier ministre Dr Kassory Fofana nous a dit qu’il n’était pas au courant de la démolition de nos maisons à Kenendé et qu’il ne sait pas qui a donné l’ordre. Kassory Fofana a ajouté que c’était une erreur administrative mais qu’ils vont réparer. Ensuite, il a demandé au ministre de l’habitat Ibrahima Kourouma de prendre notre dossier en main. Quelques jours après, une délégation de la présidence de la République est venue constater les faits ici à Kenendé pour évaluer les dégâts. Cette délégation a rassuré que nous allons être dédommagés. Aux dernières nouvelles, notre dossier était prêt, on devait être dédommagé mais malheureusement il y a eu coup d’État., jusque-là on n’a pas eu une suite. Après notre enquête, l’ordre de mission que nous avons reçu il n’était prévu que de dégager les emprises, il n’était nullement mentionné de venir casser nos concessions et récupérer nos terres. Aujourd’hui, nous voulons être dédommagés, nous n’habitons pas sur un terrain du gouvernement, nous n’avons pas construit sur un domaine de l’État. Si le colonel Mamadi Doumbouya a pris le pouvoir il doit le prendre avec tout son passif. Le gouvernement d’Alpha Condé a cassé nos maisons, colonel Doumbouya doit nous dédommager. Le ministre Ousmane Gaoual Diallo nous avait dit de porter plainte tout comme le conseiller juridique de l’actuel ministre de la justice Alphonse Charles Wright. Nous sommes dans cette optique, nous cherchons un avocat qui peut nous défendre. Nous allons porter une plainte contre l’État pour nous dédommager » a-t-il lancé sur un ton ferme.
A date, une mission de l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry a entamé des travaux préliminaires sur les 8 hectares spoliés aux populations pour faire une ceinture sur les parcelles, alors que celles-ci détiennent des titres fonciers , des plans de masses octroyés par l’État guinéen.
Le chef de secteur et autorités relevant de la préfecture de Dubréka, approché parMosaiqueguinee.com, n’ont pas souhaité s’exprimer à propos de la spoliation des terres à Kenendé.
Saidou Barry