La profession de médecine en Guinée semble perdre son image d’antan, au regard de nombreux actes jugés peu orthodoxes.
Plusieurs agents sont reprochés de complicité dans une affaire de trafic de drogue, d’autres sont accusés de viol suivi de grossesse, puis d’avortement.
Selon le professeur Hassane Bah qui ne reconnaît pas ces derniers au sein de l’organe de moralisation des médecins qu’il dirige, le principal accusé dans l’affaire de drogue est un ancien infirmier qui n’a aucune qualité requise, en matière de chirurgie. Le chef service de la médecine légale au CHU Ignace Deen invite la justice à faire convenablement son travail, en vue d’éclairer la lanterne des guinéens.
« J’avoue que sincèrement nous sommes profondément choqués d’apprendre que ce sont des personnes qui se disent médecins ou qui portent des blouses, qui sont accusées d’opérer des personnes dans un but qui n’est pas thérapeutique, mais de sortir de la drogue. Je crois qu’on est complètement à côté de la pratique de la médecine. Aucun médecin ne doit procéder à un acte chirurgical si le but n’est pas de soigner ou de guérir. S’ils sont accusés de telles infractions graves, je crois qu’il revient à la justice de faire son travail. D’abord ce n’est pas des médecins qui sont titulaires à l’hôpital Donka. L’accusé principal, c’est un ancien infirmier qui s’est recyclé pour terminer difficilement, je peux dire au forceps qui est dans les quartiers. Et comme il profite de ses relations avec le service de chirurgie, il vient pour faire des actes comme ça à l’insu du chef de service, qui est un excellent chirurgien qui n’est pas du tout au courant de cela », a-t-il précisé dans une interview accordée à notre rédaction.
Le président de l’Ordre des Médecins de Guinée demande à la justice d’être plus rigoureuse dans ses démarches, si les agents accusés de viol sont reconnus coupables.
« Par rapport aux soi-disant médecins, le viol d’abord c’est un crime. Le médecin ne doit pas profiter de sa position ascendante liée à sa fonction de médecin, pour se jeter sur une personne qui est vulnérable, parce qu’elle a besoin de soins. Le viol est grave et le simple fait de porter une blouse et de se déclarer médecin, et de le faire dans l’exercice de la médecine est encore beaucoup plus grave. Ce n’est pas le procès des médecins qu’il faut faire, mais celui des délinquants sexuels qui ont commis un viol collectif, dans l’exercice illégal de la profession. Parce que l’exercice illégal de la profession peut-être être fait par des médecins et des non médecins. L’honneur de la profession a été souillé », a-t-il déploré.
D’après Pr Hassane Bah près de mille (1000) étudiants en médecine sortent chaque année dans les institutions d’enseignement supérieur du pays.
Cependant, rares sont ceux qui bénéficient d’un emploi au sein des établissements publics. Une situation qui, selon lui favorise l’implantation anarchique des cabinets de soins.
Au-delà d’adapter donc la formation aux besoins de l’emploi, ce médecin légiste plaide pour un recensement de tous les agents qui exercent le métier, sur le territoire guinéen.
« Il faut savoir qui fait quoi et qui est qui, parce qu’on peut être médecin et ne pas avoir le diplôme de chirurgien. On peut être médecin et ne pas être gynécologue. Être médecin, c’est Bac+7, être maintenant spécialiste en médecine, c’est Bac+12 ou 14 en fonction de la spécialité. Tu ne peux pas faire Bac+ 7 pour dire que tu es spécialiste », a-t-il martelé au micro demosaiqueguinee.com.
Hadja Kadé Barry