Alors qu’elle traversait une crise sans précédent depuis 2013, au début de 2019, la SOGUIPAH (Société Guinéenne de Palmiers à huile et d’Hévéas), a connu une mutation importante, notamment au niveau de sa Direction Générale.
À l’arrivée d’une nouvelle équipe dirigeante, à sa tête Michel Beimy, précédemment Directeur national adjoint des impôts, tous les voyants étaient au rouge.
Alors, des mesures drastiques tel un remède de Cheval, s’imposaient, pour sortir cette société d’Etat du creux de la vague.
Après un état des lieux peu reluisant, la redynamisation de la production à travers celle des plantations, semblait indispensable, étant donné que l’usine tire ses matières premières de ces plantations, a expliqué Fabian Philippart, Directeur de Gestion de la SOGUIPAH.
« À l’arrivée de la nouvelle Direction, nous avons constaté que la SOGUIPAH était une société avec beaucoup de difficultés. Ces difficultés sont nées, notamment, à cause de l’effondrement du coût de la matière première depuis l’année 2010, principalement du caoutchouc. Depuis 2010, le prix du caoutchouc s’est effondré, nettement insuffisant pour soutenir nos coûts d’exploitation. Suite à ça, nous avons pu constater un ralentissement au niveau de la SOGUIPAH, et notamment un ralentissement au niveau des rendements et au niveau de sa rentabilité. Parmi les réformes donc engagées, il y avait la redynamisation de l’exploitation. Nous avions trouvé, à notre arrivée, des plantations qui n’avaient pas été nettoyées depuis un certain temps, où il y avait du vol d’équipements et il y avait des retards dans notre programme notamment des engagements vis-à-vis de nos partenaires commerciaux. En gros, il a manqué de moyens pour trouver toutes les solutions adéquates aux problèmes qui étaient posés, avec la Direction précédente », a-t-il expliqué.
De fortes mesures de redressement de la société, décidées
Le moteur de la SOGUIPAH, qui est une société agro-industrielle, reste et demeure les plantations.
Après la prise de fonctions de la nouvelle Direction, les réflexions ont porté essentiellement et notamment, sur la redynamisation des plantations. Elle a, en effet, commencé par nettoyer 6000 ha d’hévéas et 300 ha de palmiers, pour pouvoir redynamiser les rendements et obtenir les produits.
Ces plantations ont été dotées d’équipements adéquats à coût de milliard, afin d’obtenir des produits dans les bonnes conditions. En dehors des plantations, la Direction s’est penchée sur la gestion des carburants, car la société dépend de 4 groupes électrogènes qui l’alimentent en permanence.
« On parlait de millions de litres de diesel par an, avant leur arrivée. Ils ont donc estimé de gérer au mieux ce carburant, afin de réduire les coûts de production et d’obtenir une meilleure performance. Nous nous sommes attaqués aux vols caractérisés à la fois de nos produits et de nos équipements, afin de pouvoir limiter des pertes. Nous avons donc pu réintroduire les bonnes pratiques agronomiques. L’ensemble de ces mesures a fait que nous avons rattrapé nos retards et nous allons vers un agenda qui sera même en avance par rapport à nos objectifs de 2020 », a soutenu le Directeur de la gestion.
Défis et capacités actuelles de production
A en croire le Directeur de la gestion, la priorité pour la SOGUIPAH, est de réduire le cycle d’exploitation de la société.
« De par ces retards, on a un cycle d’exploitation entre le moment où on fait nos dépenses, on paie les travailleurs, les équipements, les produits, etc., et le moment où on touche nos recettes notamment celle d’exportation, (on a eu en 2019, jusqu’à 150 jours de cycle d’exportation, ce qui est anormal », a-t-il déploré.
Le grand challenge de 2020 reste donc, de changer ce cycle d’exploitation, de 150 à 90 jours, qui est un cycle normal pour les activités de la société, a-t-il ajouté.
« On est en train de le faire et on a pu, déjà, rattraper certains retards vis-à-vis de nos prestataires et fournisseurs, nous espérons avoir une meilleure position bientôt », a laissé entendre Fabian.
Quant à la capacité de production, les trois usines dont dispose la société, ont rehaussé d’un cran, leurs productions et comptent aller au-delà, en 2021 et 2022.
« Nous avions une usine de traitement de caoutchouc qui était au-dessous de 2 tonnes par heure, il y a un certain nombre d’années. On a une usine qui fonctionne depuis 3 ou 4 mois maintenant, à plus de 2 tonnes par heure. Elle est allée jusqu’à 2 tonnes 26 par heures malgré son âge. On a aussi une huilerie de 10 tonnes heure, qui a fonctionné aussi au ralenti. On est en train de redynamiser notre activité palmier, afin de retrouver les rendements à huile et d’aller vers une production qui était de 5.400 malheureusement, à une production qui peut aller vers les 7.000, 7500 voire au-delà de 8.000 tonnes/heure en 2021. (…). Avant la fin de ce mois-ci, nous allons, probablement, récupérer tout le retard d’embarquement de février et de mars. Conakry déjà, on vient de boucler le mois de février. 2020 va être une année charnière. Ce sera le mieux de récolter le résultat des sacrifices consentis. Elle va être une année où toutes ces mesures que nous avons initiées en 2019, vont apporter leurs fruits. On va raccourcir le cycle d’exploitation qui est devenu trop long à travers ces retards et préparer 2020, notamment des investissements. On a des vieux équipements, de vieux camions et on a besoin d’étendre notre espace industriel. Tous les efforts de 2019 vont porter leurs fruits en 2020 et vont permettre de préparer 2021, pour continuer à développer notre activité », a annoncé Fabian Philippart.
Nous y reviendrons !
MohamedNana BANGOURA, Envoyé Spécial à Diécké