L’an 20-20, communément appelé année jumelle aura marqué négativement les esprits dans la quasi-totalité des secteurs d’activité à travers le monde, particulièrement en Guinée.
Dans un entretien accordé à notre rédaction sur la situation des droits humains en Guinée, ce mercredi 30 décembre 2020, Mamady Kaba a débuté la rétrospective des faits marquants de l’année, par la soudaine disparition du désormais ancien président de l’OGDH, feu Abdoul Gadiry Diallo.
«Le décès du doyen Abdoul Gadiry Diallo a été durement ressenti dans le microcosme des droits humains en Guinée. Nous prions pour le repos de son âme », a-t-il imploré, avant de dénoncer les multiples violations des droits humains dans le pays, tout au long de l’année qui s’achève.
«L’année 2020 a été marquée par des violences multiformes d’une extrême gravité notamment pendant les élections, faisant des morts civils et militaires, des blessés et des destructions de biens publics et privés, sans oublier l’exacerbation des antagonismes ethniques et sociaux avec pour corollaires l’effritement du tissu social et la mise à l’épreuve du vivre ensemble.
2020, c’est aussi la restriction des libertés publiques, la détention de leaders politiques et de la société civile, ainsi que des intimidations à l’encontre des journalistes. La mort en détention d’activistes politiques se réclamant de l’opposition, même s’il faut noter quelques progrès dans le respect des procédures d’interpellation», a dénoncé le président de la Ligue pour les droits et la démocratie en Afrique.
Selon l’ancien président de l’INIDH, la pandémie de coronavirus a aggravé la situation déjà très précaire des guinéens.
«2020, c’est aussi et surtout la Covid-19 et ses corollaires que sont la fermeture des écoles et les difficultés économiques énormes pour les familles, mais aussi l’électricité et l’eau gratuites pour les ménages», a-t-il reconnu.
Selon cet activiste des droits de l’homme, l’année à laquelle la Guinée aspirait à un dialogue franc, a été plutôt marquée par la violence et la confrontation.
«Elle avait un grand besoin de réconciliation, mais n’a obtenu que de profondes fractures sociales, la dernière en date étant les affrontements interethniques de Macenta ayant détruit plus d’une dizaine de vies», a-t-il déploré.
Dans ses recommandations de circonstance, Dr Mamady Kaba a plaidé pour le respect des principes démocratiques, des droits humains et des libertés fondamentales, durant les 12 prochains mois en Guinée.
«2021 doit être une année qui va favoriser le changement de paradigme dans l’évolution de notre société, à travers, notamment : une gouvernance vertueuse en faveur des couches les plus vulnérables de notre société. Plus de justice à travers des enquêtes sérieuses sur les nombreux cas de morts non élucidés, des réformes institutionnelles nécessaires à une meilleure gouvernance. Un dialogue sincère pour apaiser le climat politique et social, bref, engager les changements nécessaires pour fédérer les énergies nationales et les orienter vers le développement dont rêvent les guinéens depuis toujours», a-t-il recommandé.
Hadja Kadé Barry