Les résultats de l’examen du certificat d’études élémentaires sont symptomatiques de la déliquescence de notre système éducatif. Sinon comment expliquer le passage d’un taux de réussite de 62,08% en 2021 à une chute de 17,62 % en 2022 ?
Les conséquences immédiates de cet échec peuvent être analysées sous trois angles :
1- Le manque d’infrastructures scolaires :
2- Le manque d’enseignants
3- L’impossibilité de recruter de nouveaux élèves.
La Guinée ne dispose que de 8114 écoles primaires publiques et un manque de 14000 enseignants au primaires. Les communautés villageoises ont construit des écoles et recruté des enseignants à leurs frais (5000 enseignants communautaires).
Alors, comment trouver des enseignants, des salles de classe pour les élèves qui viennent de la 5ème année et les 82,32% qui redoublent la classe sans oublier les enfants qui ont atteint l’âge de la scolarité ?
Nous risquerons d’assister à un décrochage scolaire massif des élèves qui s’orienteront vers les mines et les activités du secteur tertiaire. D’ailleurs personne n’ignore le traumatisme psychologique provoqué cette année par la militarisation des centres d’examens chez les enfants du primaire qui, en face des hommes en uniforme perdent tout équilibre psychologique.
La Guinée a souscrit à la scolarité primaire universelle. La possibilité pour tous les enfants du pays en âge de scolarisation d’aller à l’école.
L’enquête des ménages (MICS ,2016) indiquent qu’environ 1,6 millions d’enfants et jeunes guinéens âge entre 5 à 16 ans (soit 44% de cette tranche d’âge) sont encore en dehors du système éducatif guinéen.
Il va falloir comprendre alors que les critères de performance de notre système éducatif ne résident pas seulement dans l’organisation des examens nationaux et les résultats qui en découlent mais dans la qualification des enseignements et des apprentissages , la formation continue des enseignants , l’amélioration des conditions de vie des travailleurs de l’éducation , la qualité des infrastructures et équipements scolaires, la réforme de nos programmes d’enseignement et nos formes d’évaluation des apprentissages.
En plus, la mauvaise formulation des énoncés et consignes des sujets a eu raison de beaucoup d’élèves. Les compétences instrumentales de base : Lire, parler, écrire et compter ne sont pas bien maîtrisées.
Enfin, il serait nécessaire de penser à la suppression de l’examen du certificat d’études élémentaires plus budgétivores (45 % du budget des examens) dont le diplôme ne sert absolument à rien et mettre ce budget dans le recrutement et la formation des enseignants du primaire, la rénovation et l’équipement des infrastructures scolaires.
Bref, cet échec est l’échec de tous : Parents d’élèves, élèves, enseignants encadrement rapproché autorités de tutelle etc. Il n’est non plus un trophée de guerre pour un Ministre pour montrer à la face du monde qu’avant lui, tout était négatif, puisque chacun de nous est acteur de ce système éducatif depuis des décennies.
Pépé Michel Balamou
S/G SNE