Le procureur spécial de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières a ordonné l’interdiction de la vente de médicaments par les non spécialistes et la fermeture des boutiques et autres lieux de vente de produits pharmaceutiques sur le marché.
Une décision qui provoque l’ire de la plupart des vendeurs. Notre reporter est allé à la rencontre de quelques-uns ce jeudi 1er septembre 2022.
La quarantaine révolue, notre premier interlocuteur, vendeur de médicaments à Cosa rappelle que l’Etat n’est pas à sa première opération. Alors, pour lui c’est la suite qui importe.
« Ils ont fermé beaucoup de choses ici, mais ça a toujours été sans suite. Nous on s’en remettra toujours à la volonté de Dieu, car c’est à lui que revient le dernier mot. Déjà l’opération menée par l’ancien ministre Thiegboro Camara n’avait servi à rien. Nous savons déjà que les saisies ne sont jamais incinérées, ils partent à des destinations inconnues, et maintenant, ils nous interdisent de vendre. Alors, les médicaments entrent ici tous les jours ,et la plupart des produits entrent par la sierra Léone et cela tous les jours. Généralement, les grands commerçants les font passer par cette frontière ou par voie maritime, donc on verra la suite », a-t-il dénoncé.
A 500 mètres, nous rencontrons un autre âgé d’une trentaine d’années. Lui aussi, fustige cette décision de la CRIEF.
« Moi, je trouve cette démarche du procureur est anormale, parce qu’en Guinée il y a des sous-préfectures, des préfectures même qui n’ont aucune pharmacie, cela fait que la population est confrontée à d’énormes difficultés pour trouver des produits. Ils est difficile de trouver même de simples seringues dans d’autres zones. Donc, s’ils prennent une telle décision, moi j’estime que cela va compliquer davantage les choses et ça va impacter directement les populations », a-t-il indiqué en premier lieu, avant de rappeler ce que cela implique pour les vendeurs qu’ils sont.
« Du point de vue impact sur nous vendeurs, je suis père de quatre enfants, c’est ici je gagne mon pain, donc s’ils disent qu’on n’a pas le droit de vendre les produits, il n’y a pas de travail, ça ne sera pas possible. Ils n’ont qu’à trouver d’autres moyens, car c’est dans ça cas que nous vivons et faisons vivre nos familles », a-t-il souligné.
Lors de nos échanges avec un autre vendeur qui a demandé à ne pas être enregistré, celui-ci s’est interrogé sur l’intérêt de cette décision, car pour lui chaque citoyen est libre de s’approvisionner où il veut et cela, selon ses moyens.
Hadjiratou Bah