La communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), a présenté cette semaine le rapport de l’audit du fichier électoral guinéen avec un effectif de 5.410.089 d’électeurs.
Jacques Gbonimy, ancien membre de la CENI, a affirmé que ce fichier n’est pas rassurant en raison de plusieurs facteurs et pense que la CEDEAO n’a pas une qualification dans ce domaine.
«Cela ne nous rassure pas tellement à cause de plusieurs facteurs. Le premier facteur, vous vous souvenez que c’est la CEDEAO qui avait proposé d’écarter 2.000.000 d’électeurs pour permettre que les élections du 22 mars dernier se tiennent. C’était la plus mauvaise solution sur laquelle, la CENI s’était jetée et après le passage de terrain, nous avons appris qu’il y a eu 300.000 électeurs se sont réinscrits. Donc, si 300.000 se sont réinscrits cela veut dire que ces électeurs là étaient écartés du vote de 22 mars dernier. Deuxième facteur, la CEDEAO est venue de façon catimini sans même informer les acteurs et un audit qui se fait sans les acteurs n’est pas un bon audit. Donc, les membres de la CEDEAO ont travaillé de façon solo dans un labo, ils ont sorti un résultat et ils veulent nous faire consommer ce résultat en disant que c’est un bon résultat et cela ne rassure pas nous les acteurs politiques guinéens. Ce sont des facteurs qui pour nous, ne sont pas bien en matière électorale, parce que quand vous travaillez pour les acteurs électoraux, il faut qu’ils soient associés. C’est pourquoi dans les commissions même de révision, dans les commissions de centralisation, on met les acteurs ou leurs représentants pour permettre de savoir ce qui se passe dans ces différentes commissions. Et eux ils sont venus faire un audit qui fournit un résultat contraire à l’audit de 2018 auquel avaient pris part les experts nationaux et internationaux. Donc, aujourd’hui tous ces experts ont été écartés. Pour moi, en matière électorale, la CEDEAO n’a pas une expertise qualifiée dans le cadre de la biométrie. C’est une fuite en avant que la Guinée est en train de faire. Il faudra un jour revenir à l’audit de 2018 appliquées les recommandations de cet audit pour qu’on ait un fichier fiable. Pour moi, jusqu’ici, on a un fichier de compromission qui nous permet d’aller à une élection, mais pas un fichier qui va donner à la Guinée une assurance réelle par rapport au nombre d’électeurs et ceux qui doivent voter», a expliqué Jacques Gbonimy au cours d’un échange téléphonique avec mosaiqueguinee.com
Mama Adama Sylla