A 72heures du lancement officiel du cadre dialogue inclusif en Guinée, les coalitions politiques intensifient la pression sur la junte. Les principales ont d’ores et déjà rejeté la main-tendue des autorités de la transition et pointent un manque de sincérité. Pour le leader du parti Génération Citoyenne, le cadre de dialogue inclusif est « un cadre mort-né qui ne produira pas les effets escomptés ». Dans cet entretien qu’il a accordé à la rédaction de Mosaiqueguinee.com, Fodé Mohamed Soumah se prononce aussi sur la reprise des manifestations par le FNDC, le maintien en détention des acteurs politiques et de la société civile ainsi que la rencontre Sidya Touré-Bernard Goumou à Abidjan.
Mosaiqueguinee.com : Le cadre de dialogue inclusif sera lancé le 20 octobre sans la participation du quatuor ANAD-CORED-RPG AEC-FNDC Politique. Quelle lecture faites-vous ?
Fodé Mohamed Soumah: C’est vrai que l’on ne retient que le fameux quatuor, même si je suis le 1er à reconnaitre que les partis ne se valent pas sur la seule base de l’agrément. Dans le cas d’espèce, ledit cadre n’a pas reçu l’assentiment de la plupart des coalitions et partis politiques représentatifs, du fait de la démarche unilatérale et cavalière des autorités dirigeantes. Je présume que c’est un cadre mort-né qui ne produira pas les effets escomptés. Pour ce qui est de la GéCi, elle ne s’associera à rien qui ne soit axé sur un chronogramme précis en faveur du retour à l’ordre constitutionnel.
Le FNDC annonce la reprise des manifestations politiques à partir du 20 octobre. Ne faut-il pas accorder une chance au dialogue ?
Bien sûr ! A ce propos, le report de la date programmée est un véritable test du cadre de dialogue en place pour obtenir la libération des activistes emprisonnés et apaiser le climat sociopolitique. Cette gouvernance devient de plus en plus orageuse, avec une pression sur la presse et les politiques, plutôt que l’obligation de résultat du gouvernement et du CNT principalement. Rien ne bouge véritablement. J’espère voir tout ce beau monde de retour à la maison et mettre en avant la prévention des conflits autour du dialogue, plutôt que la répression qui est un recul démocratique en soi.
La junte a accordé une liberté conditionnelle et une évacuation sanitaire à Saikou Yaya Barry, le secrétaire exécutif de l’UFR mais ses co-accusés restent en détention préventive. Le CNRD fait-il pire que le régime déchu d’Alpha Condé ?
Dans l’absolu, comparaison n’est pas raison pour les pratiques dévoyées, décriées et condamnées par le passé. Une évacuation sanitaire procède d’une obligation de soins assortis d’un diagnostic qui parle de lui-même. J’ai été choqué par le décès du ministre Lounceny Camara dont le bilan médical nécessitait le même sort. Ceci est valable pour d’autres personnes emprisonnées, au nom du principe de précaution et de non-assistance à personne en danger. La santé est au-dessus de tout.
Enfin, le président Sidya Touré a rencontré le PM Goumou à Abidjan. JA évoque des négociations secrètes entre les deux. Faut-il s’en inquiéter ?
Le conditionnel ne sied pas dans le cas de figure. C’est aux intéressés de livrer la teneur de leurs échanges et je ne vois pas de mal à de telles rencontres. Il est temps de décanter la situation politique préoccupante, s’intéresser aux personnes emprisonnées depuis plusieurs mois sans jugement et prendre les mesures idoines pour soulager les populations. C’est ce que j’appelle aller à l’essentiel et sortir des sentiers battus. La poursuite de la transition commence par l’apaisement qui devrait nous éloigner du climat perceptible d’adversité, d’exclusion ou de règlement de compte. La sortie de crise devrait être la priorité du moment, tout comme la précarité et la paupérisation qui glissent inexorablement dans l’insécurité et la violence.
Interview réalisée par Mohamed Bangoura