L’incarcération de Kassory Fofana, ancien premier ministre, Oyé Guilavogui, Mohamed Diané, Zakaria Coulibaly, tous anciens ministres sous Alpha Condé, suscite des réactions dans le landerneau politique guinéen.
Fodé Mohamed Soumah, président de la GéCi qui a accordé une interview à notre rédaction, dans l’après-midi du mercredi 6 avril 2022 a tout d’abord indiqué que la meilleure chose à faire dans cette procédure judiciaire est de tenir compte de la présomption d’innocence pour éviter de créer la confusion.
« Le postulat est que personne ne peut être contre la récupération des biens de l’Etat, ni la moralisation de la vie publique entre autres. Mais face à la tension qui monte d’un cran à quelques jours du deadline fixé par la CEDEAO, il faut éviter la diversion et se focaliser sur le secret de l’instruction, la présomption d’innocence et le parallélisme des formes, pour éviter les dérapages incontrôlés, la confusion des genres gendarmerie-CRIEF-justice sur le même piédestal, etc. La première des réparations concerne le dégel des comptes bancaires des anciens décideurs après plus de 7 mois, qui me semblent largement suffisants pour disséquer la bonne graine de l’ivraie. Ensuite, permettre à tous ceux qui ont été blanchis ou non inquiétés par la justice de reprendre le cours normal de leur vie qui commence par la mobilité. Enfin, situer les responsabilités au lieu de continuer à souffler le chaud et le froid autour de la pacification du climat sociopolitique et le rétablissement à l’ordre constitutionnel », a indiqué l’homme politique.
Plus loin, Fodé Mohamed Soumah s’est interrogé sur la nécessité de placer ces anciens dignitaires en détention, alors que leur procès devra se tenir dans moins d’une semaine.
« Ils viennent de placer d’anciens ministres, dont le PM sous mandat de dépôt à la maison centrale, pour un procès qui devrait s’ouvrir lundi prochain. Où sont les risques d’une non présentation dans 4 jours ou l’urgence absolue de cette incarcération préméditée voire planifiée ? J’entends déjà le silence coupable et assourdissant du côté des Assises, du CNT et d’une minorité agissante de la classe politique qui baigne dans l’éternel distinguo mouvance-opposition. Il est temps que le président de la transition reprenne la main, comme dans le dossier Balla-Wright, au risque de voir la boussole perdre définitivement le Nord ! Il faut éviter de rendre justice par des actes et des procédés injustes », a-t-il lancé.
Hadjiratou Bah
