Depuis le dimanche 18 juillet, séjourne en Guinée le vice-Président de la Banque mondiale chargé de l’Afrique de l’ouest et du centre. Ousmane Diagana est venu dans le pays dirigé par le colonel Mamadi Doumbouya pour faire la revue du portefeuille des projets financés par son institution. C’est du moins le discours officiel. Et ça ne peut être autrement.
La présence sur le sol guinéen, d’une personnalité non moins importante de la plus grande institution financière mondiale est une opportunité pour un pouvoir de transition de polir son image malmenée par ses opposants. C’est aussi un argument pour démontrer que le pays n’est pas isolé, encore moins abandonné à son sort. Cependant, il est exagéré, voie stupide et naïf à la fois, de penser ou de croire que l’homme qui est arrivé et dont la réception à l’aéroport de Conakry a mobilisé tout le gouvernement, y compris le Premier Ministre, est celui qui peut aider le pays à renflouer ses caisses pour le financement des grands projets de séduction de la transition. Erreur ! Mais hélas, les autorités guinéennes semblent convaincues que la visite de l’ancien Directeur des opérations de la BM au Mali, est l’opportunité qui s’offre à elles pour déverrouiller le coffre-fort de leurs rêves des plus tendancieux.
L’hôte de Conakry, quoique important car se trouvant à un étage bien élevé de l’architecture de la banque mondiale, a des marges de manoeuvres très réduites pour décider de l’enveloppe financière d’un pays. Avant lui, il y a les appréciations indispensables de la time task leader, du représentant résidant et du responsable des opérations.
« Le fonctionnement à la banque mondiale est atypique. Ces intermédiaires n’ont pas de relations de subordination avec le vice-Président chargé du pays où se trouvent ces intermédiaires. C’est en quelque sorte une boite à lettre qui transmet les décision prises par ces derniers. A des exceptions près, il intervient pour un arbitrage », a expliqué un ancien haut cadre qui a fréquenté ces institutions financières internationales.
En réalité, ce que les autorités doivent faire, au lieu d’exposer ainsi le pays au ridicule, en se mettant sous les bottes du visiteur, c’est d’avoir une ressource humaine performante pouvant travailler sur les projets bancables. C’est ce qui peut augmenter la capacité d’absorption du pays, par ricochet, augmenter l’enveloppe financière devant financer lesdits projets.
Cela est tellement nécessaire que les chiffres relatifs à la faible capacité d’absorption des financements font froid dans le dos et exigent du gouvernement davantage d’efforts et de qualifications de son travail que de courtiser un des responsables qui n’a de contrainte, dans le cadre des financements des projets, que le respect des principes et procédures en la matière.
Tenez-bien, lors de la dernière revue du portefeuille, sous le régime précèdent, à la fin de l’exercice, pour les 28 projets financés par la BM, seulement 20 à 25% des fonds annoncés avaient été décaissés. Et pourtant, à l’époque, le Président d’alors, Alpha Condé n’était pas sans rapports cordiaux avec des dirigeants de cette institution financière mondiale.
Bref, au lieu de cirer les bottes, faire dans la niaise propagande, il faut se mettre au travail pour pouvoir assez décaisser.
Mognouma Cissé