Comme l’a instruit le ministre en charge de la justice lundi, le juge du tribunal de première instance de Dinguiraye, Thierno Oumar Barry accompagné du préfet Colonel Karamoko Boké Camara a présidé les journées portes ouvertes de la justice ce mardi 26 avril 2022 à Dinguiraye.
Le thème choisi à cet effet par le garde des sceaux est «une justice humanisée à l’écoute des justiciables».
Les citoyens ont passé au scanner le fonctionnement de la justice guinéenne en général et celle de Dinguiraye en particulier.
Puisqu’il s’agissait justement de faire l’autopsie du fonctionnement de la justice, certains citoyens ont dénoncé la corruption dans l’appareil judiciaire, le favoritisme et aussi l’ingérence des autorités administratives et ou morales dans les affaires judiciaires. C’est pour cela ils ont sollicité l’indépendance de la justice.
«En Guinée, je n’ai jamais vu un magistrat démissionner pour des raisons citées ci haut. En cas d’ingérence dans les affaires judiciaires ou de pression sur un juge, que ce dernier démissionne», a appelé Alpha Oumar Diallo.
« Les crimes de sang ne sont pas sanctionnés en Guinée », s’est exclamé Mamadou Maréga.
Dans la foulée, certains intervenants ont sollicité de l’État la prise en charge des frais de transport judiciaire au cas où la question se pose.
«Je voudrais attirer votre attention sur un fait. Quand il s’agit d’effectuer un transport judiciaire sur un lieu ou sur un domaine, ce sont les parties qui paient les frais. Certains partent faire des prêts et d’autres cherchent l’argent n’importe comment. Vraiment, cela nous préoccupe nous les citoyens. Veillez revoir cet aspect pour nous», a lancé un citoyen.
Le juge répond qu’eux-mêmes ont dénoncé cet état de fait, mais en vain.
«Ce que vous évoquez est un aspect important dans le fonctionnement de la justice… C’est seulement en Guinée encore où les citoyens sont obligés de payer les frais de transport judiciaire. Nous-mêmes nous dénonçons cela auprès de la hiérarchie. Parce qu’il arrive des moments où le juge a vraiment besoin d’aller sur le terrain pour comprendre. Et puisque l’État ne décentralise pas le budget national, donc, aucun tribunal n’est pris en charge en terme de crédit de fonctionnement. Nous nous savons pertinemment qu’il y a des citoyens qui fuient la justice à cause de ces frais là. Mais, nous sommes obligés parfois de tendre la main aux justiciables pour qu’on puisse se déplacer sur le terrain», a regretté Thierno Oumar Barry.
C’est sur une note de satisfaction et d’espoir de voir se perpétuer ces types de rencontres entre la justice et les justiciables que cette rencontre a été clôturée.
Mamadou Sagnane