Depuis quelques jours, l’activiste Oumar Sylla dit Foniké Mènguè, détenu à la Maison Centrale de Conakry, observe une grève de la faim pour obtenir la tenue de son procès. Il faut dire que c’est une première.
De mémoire de Guinéen, l’on avait jamais entendu qu’un détenu a eu recours à un moyen comme une grève de la faim pour qu’il puisse être jugé. Foniké Mènguè a été arrêté au mois de septembre dernier à la veille de l’élection présidentielle du 18 octobre. Il a été conduit devant le parquet de Mafanco qui a obtenu du doyen des juges d’instruction son placement en détention provisoire. Il est poursuivi pour participation à un attroupement susceptible de troubler l’ordre public.
Le collectif des avocats de la défense s’étonne qu’une information judiciaire ait été ouverte par rapport aux faits qui lui sont reprochés. Tous les activistes et militants politiques arrêtés à l’occasion des manifestations du FNDC ont été jusqu’à présent jugés en flagrant délit.
L’ouverture d’une information judiciaire concernant Foniké Mènguè et sa mise sous mandat de dépôt sont perçus par ses avocats comme une manière de le garder en prison aussi longtemps que possible. Aux dires d’un de ses avocats, le procureur de Mafanco aurait déclaré au lendemain de son arrestation qu’il ne serait jugé qu’après l’élection présidentielle. C’est comme s’il fallait le détenir pour l’empêcher, en tant que chargé de la mobilisation au sein du FNDC, d’organiser des manifestations contre la candidature du président Alpha Condé.
La procédure devant le juge d’instruction a abouti à son renvoi devant le tribunal pour être jugé. Mais le dossier est resté pendant plusieurs semaines au bureau du procureur qui, au lieu de le faire programmer pour le procès, a préféré jouer la montre. Comme par hasard, il a fallu que Foniké Mènguè entame sa grève de la faim pour que le procureur décide enfin de transmettre le dossier à la présidente du tribunal en vue de la tenue du procès tant attendu par Oumar Sylla et ses avocats.
Aux dernières nouvelles, le procès se tiendra la semaine prochaine.
Mohamed Bangoura