Le nouvel Agent Judiciaire de l’État a fait réunir dans la salle d’audience du Tribunal de Première instance de Mafanco tous les magistrats de cette juridiction le lundi 20 décembre 2021.
Selon certains avocats présents sur les lieux, cette réunion est perçue comme une manière d’influencer les juges dans les dossiers dont ils pourraient être saisis prochainement de la part de l’Agent judiciaire de l’État, notamment les affaires de détournement. Me Salifou Béavogui ne cache pas son amertume. Dans un entretien qu’il a accordé à mosaiqueguinee.com, Me Bea prévient que tout dossier qui arrivera devant ce tribunal dans le cadre des dossiers de détournement, le TPI de Mafanco sera purement et simplement récusé.
« En tant qu’avocat de deux des quatre personnalités publiquement citées à la RTG par l’agent judiciaire de l’État comme ayant détourné des deniers publics après le 05 septembre, nous avons voulu garder le calme et la sérénité malgré que le fait était déplorable parce que dénoncer publiquement un citoyen à plus forte raison un haut responsable de l’État de détournement est de nature à les jeter en pâture, à ternir sérieusement leur image, à les décrédibiliser s’il faut à les soumettre à la vindicte populaire avant même que les juges ne soient saisis alors que les droits de la défense et la présomption d’innocence exigent que toute personne qui est censée commettre une infraction bénéficie d’une protection, d’une garantie jusqu’à à ce que sa culpabilité soit établie par une juridiction légalement constituée. Donc exposer publiquement des citoyens alors qu’aucune poursuite n’est encore déclenchée c’est saper leur moral et tenter d’influencer s’il faut l’opinion mais nous nous avons accepté. Moi je suis l’avocat du président de la haute autorité de la communication M. Boubacar Yacine Diallo, un haut cadre de l’État et un des dignes fils de ce pays, qui a tout donné à ce pays. Il est d’une honorabilité irréprochable. On ne peut pas parler de la presse et sa moralisation sans parler de lui, il fait partie du socle sur lequel repose la presse depuis sa libéralisation jusqu’à nos jours ainsi que Dr Sawa Camara de l’INRAP. Nous leur avons demandé de garder le calme et la sérénité mais à l’allure des choses, il va falloir que nous montions au créneau. Je viens d’apprendre que l’agent judiciaire de l’État a tenu une réunion au tribunal de première instance de Mafanco. C’est une très grande inquiétude en tant qu’avocat des deux d’ores-et-déjà toute procédure qui sera au tribunal de première instance de Mafanco sera récusé purement et simplement parce que l’agent judiciaire est une des parties au procès. Il doit agir par voie d’avocat et ces avocats ne peuvent jamais accepter de tenir une réunion avec des magistrats, c’est comme si les personnes mises en cause partaient convoquer une réunion au tribunal avec les magistrats. Déjà nous allons de violation en violation, ça c’est extrêmement grave. C’est une première dans l’histoire. L’agent judiciaire est toujours une des parties au procès mais qu’il aille réunir dans une salle d’audience des magistrats tant du siège que du parquet nous on ne fera plus jamais confiance à ce tribunal. Tout dossier qui arrivera là-bas dans ce cadre, ce tribunal sera purement et simplement récusé », a-t-il alerté.
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