Le 12 mars 2020, le premier cas d’infection au nouveau coronavirus, a été détecté en Guinée sur une Belge.
Une année jour pour jour, Dr Konaté Moussa, directeur général de la pharmacie centrale de Guinée, par ailleurs président de la commission logistique de la riposte Covid-19-Ebola, est revenu sur les grands axes du travail mené par son unité, dans le cadre de cette riposte.
C’était à la faveur d’une interview qu’il a accordée à notre quotidien numérique Mosaiqueguinee.com, ce début semaine. Lisez plutôt !
1- Du fonctionnement de la commission logistique de la riposte contre la Covid-19 ?
Notre pays s’est lancé dans un programme de riposte contre l’épidémie de Covid-19 depuis un an. Le ministre a pris un acte pour appuyer l’ANSS, la commission logistique a été mise en place pour soutenir toutes les autres commissions. Elle est présidée par la pharmacie centrale de Guinée qui est la centrale nationale d’achat de la République de Guinée. Donc, elle est l’outil de mise en œuvre de la logistique intégrée. Tous les intrants qui entrent en Guinée, passent par la pharmacie centrale. Dans cette commission, vous avez les logistiques de tous les partenaires qui évoluent dans la chaîne d’approvisionnement. Parmi ses partenaires, on a le PAM qui est notre collaborateur direct, il y a aussi d’autres directions et entités professionnelles.
On a pour rôle de recevoir les intrants et de les distribuer. Concevoir la stratégie logistique en matière de riposte, élaborer la liste des besoins pour la riposte, sa réception, son stockage et la distribution.
Donc dès que cette commission a été mise en place, on a élaboré les axes logistiques, on a collaboré avec la commission prise en charge. Les sites de prise en charge ont été identifiés et équipés, dont les sites de Gbessia, Kenien, Manéah et Nongo. Nous avons conçu la liste des besoins, notamment les équipements de protection visuelle, les kits d’hygiène, les engins roulants et autres équipements sanitaires.
De la gestion des intrants ?
Nous avons bénéficié des apports des partenaires, les premiers mois de la riposte de la Covid-19, l’apport de la partie nationale était autour de 70%, avec l’implication personnelle du président de la République qui a fait mobiliser les intrants pour faire face à cette épidémie. Cela se justifie quand on sait qu’à l’international, il y a des problèmes dans tous les pays. Le président Alpha Condé, à lui seul, a pu mobiliser plus de 55% d’apport matériel et équipements de santé pour la riposte. On a reçu les intrants livrés par l’ANSS, ces donations ont été intégrées dans un système de gestion, avec un logiciel de gestion des intrants Covid-19. Tous les bons de sortie des intrants Covid-19 sont signés par la direction générale de l’ANSS. Le circuit de gestion des intrants et de leur sortie, est mis en place. Donc, chaque donation est tracée. Aujourd’hui, on a quatre lieux de stockage à la PCRG, un a Kenien, un à Manéah, un à l’ANSS.
Des acquis de la riposte ?
Nous avons géré l’épidémie Ebola, c’est la pharmacie centrale de Guinée qui avait aussi la commission logistique pendant Ebola. Après Ebola, on a été renforcé sur le plan logistique et en ressources humaines. C’est ce qui a permis à la commission logistique actuelle d’aller très vite à l’élaboration des besoins. C’est pour dire que notre pays est prêt à faire face à n’importe quelle urgence. L’urgence 2014 nous a permis de se préparer pour l’urgence Covid-19. Cela a permis à notre système d’être outillé en capacité du personnel mais aussi en infrastructures. Notre pays est le premier pays de l’espace association des centrales d’achat de médicaments essentiels en Afrique, à voir sa centrale d’achat s’impliquer dans la riposte contre l’épidémie. Cette expérience a été vendue à Genève en mai 2017, ce qui a valu à la Guinée d’avoir le leadership en matière de la coordination dans une urgence sanitaire.
Des perspectives de la pharmacie centrale de Guinée?
C’est l’extension et l’amélioration de la capacité de stockage national, c’est le gros souci qu’on a. Quand il n’y a pas une bonne capacité de stockage, ça devient difficile. Il faut aussi renforcer la capacité de la logistique roulante. Aujourd’hui, ce sont les camions obtenus dans le cadre de la riposte contre Ebola en 2015, qui sont aujourd’hui utilisés pour faire face au covid-19. Ces camions ont l’âge de cinq ans aujourd’hui, si les capacités logistiques ne sont pas renforcées, on aura des difficultés dans les années à venir.
Interview réalisée par Saidou Barry