Le député Bruxellois, originaire de la Guinée, Lansana Bea Diallo, dans une interview qu’il accordée à notre rédaction mardi, s’est exprimé sur plusieurs sujets brûlants de l’actualité socio-politique du pays. Il s’agit entre autres des consultations qu’il a entamées il y a une semaine, de l’officialisation de la candidature du président Alpha Condé, et des menaces brandies par le FNDC etc.
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Bea Diallo bonjour, merci de nous avoir accordé cette interview
Mosaiqueguinee.com : Où vous en êtes aujourd’hui dans vos consultations et quelles leçons en tirez-vous ?
Pour l’instant, tous les acteurs que j’ai pu rencontrer aujourd’hui sont dans une volonté d’apaisement, de dire qu’il faut que les guinéens arrivent à se parler et d’aller autour de la table, ils sont vraiment à 200% d’accord avec moi. Alors, évidemment, chacun d’entre eux, sont vraiment sceptiques parce qu’ils disent qu’on a déjà eu des rencontres, des débats, mais jamais les accords ont été respectés. Et, ce que je leur dis, à chaque fois, c’est vrai ce que vous dites, mais, à chaque fois ça été entre politiques, donc aujourd’hui ce que je demande, c’est de prendre les guinéens à témoins et au-delà de cela, c’est d’impliquer nos religieux, la société civile dans ces discussions, pour que nous soyons effectivement les garants des échanges et des accords qui seront peut-être beaucoup plus des intérêts pour les guinéens que des intérêts entre différents partis politiques.
De quels moyens dispose Bea Diallo pour réussir son pari?
Je n’ai pas nécessairement les moyens. La seule différence, c’est que je sais qu’il y a une demande qui est très forte de dire au président de la république de ne pas faire un 3e mandat. Aujourd’hui, beaucoup disent que oui le président de la république a dit peut-être Béa Diallo, je veux faire mon 3e mandat, le dialogue s’arrête. Non! Ce n’est pas à moi de dire si le président va faire un 3e mandat ou pas, c’est les gens qui vont se trouver en face de lui pour discuter et échanger. Moi, la seule chose que j’ai dite aujourd’hui et ce que j’entends bien, c’est que le parti présidentiel lui a demandé d’être candidat et lui donner des conditions pour l’être. Aujourd’hui eux, ils ont répondu à ces conditions pour dire que le président de la république a dit qu’il était d’accord mais pour moi, en tant qu’il n’est pas passé à la télévision et qu’il dit officiellement qu’il veut faire un 3e mandat, pour moi ce n’est pas quelque chose d’officiel. Mais par contre, ce que moi j’ai envie d’amener aujourd’hui, c’est de faire conscience à tout le monde qu’on peut aller à des élections même avec Alpha Condé, mais l’outil sur lequel on doit travailler aujourd’hui, c’est de voir de quelle manière ces élections peuvent être transparentes, qui peuvent être accessibles à tout le monde et que chacun d’entre nous, quand on ira aux élections on aura vu que le fichier effectivement est objectif, transparent et dans lequel je me reconnais et si c’est le cas, ça permet évidemment d’accepter les élections si je perds et si je gagne tant mieux.
Quelle analyse sur le communiqué du parti au pouvoir qui annonce que le président leur a confirmé sa candidature pour un 3è mandat ?
Si on me dit stop parce que le président fait un 3è mandat, alors que pour moi le débat il n’est pas là, pour moi le débat c’est d’aller aux élections où il ne peut y avoir de K.O. Mon objectif, c’est qu’on sorte de cette crise politique qui divise les guinéens complètement, c’est une réalité. On ne peut pas dire que si aujourd’hui, on va aux élections, il ne va rien n’y avoir. Ça été annoncé, alors que beaucoup de gens pensaient qu’il y aurait des manifestations non! Aujourd’hui, je pense que le guinéen est assez intelligent pour analyser, prendre le temps, le recul. Je pense que si ce n’est pas de mettre le pays dans le chaos, l’objectif justement, c’est de se mettre autour de la table pour qu’on trouve des solutions ensemble. Vous me dites, est-ce l’herbe a été coupée sous mes pieds ? Pas du tout, je dis si le président de la république annonce sa candidature, ce serait quelque chose de compliqué mais l’objectif finalement, ce n’est pas du fait qu’il fait de 3è mandat ou pas, puisque lui, ce 3è mandat, c’est déjà clair depuis très longtemps, tout ce qui a été mis en place, c’est pour qu’il le fasse, donc il n’y a pas de débat là-dessus. Le débat, c’est ce que veulent les gens qui sont en face de lui, de ce que lui il veut et comment est-ce qu’on peut les ramener, à un moment donné, à trouver une solution où chacun peut dire OK J’accepte qu’il fasse un 3è mandat mais les conditions dans lesquelles tu le fait peuvent nous permettre de conquérir contre toi et d’avoir effectivement un contrôle global sur le résultat de ces élections-là. Ça, c’est le vrai débat à mon avis et c’est là-dessus que je joue un rôle, réconcilier les gens.
Votre analyse sur la nouvelle menace de manifestation brandie par le FNDC
Je pense que leur droit, le FNDC, leur projet c’est de dire au président de la république de ne pas se représenter à un 3e mandat, c’est pour ça, il se bat. Le parti du président de la république dit qu’il a accepté leur demande officiellement, donc eux, la seule arme qu’ils ont, c’est là rue. La seule chose que je veux, qu’effectivement, on part dans la rue, c’est qu’il n’y ait pas de massacre.
Quelles sont vos attentes vis-à-vis des acteurs concernées par la crise, le président de la république particulièrement ?
Principalement, ce qu’ils soient ouverts au dialogue, qu’ils puissent aller à des compromis puisqu’on est dans un pays aujourd’hui divisé avec des débats qui sont carrément ethniques avec des partis politiques complètement divisés avec plus de 200 partis politiques pour une population d’environ 12 millions d’habitants et finalement tu te dis qu’il peut y avoir débat enrichissant et aujourd’hui mon objectif, mon rêve, c’est d’amener le président de la république à partager le pouvoir en ouvrant son gouvernement d’une manière beaucoup plus large.
Un gouvernant d’union nationale ?
Ce serait la plus belle chose pour sortir la Guinée de la crise qu’elle traverse depuis 62 ans, ça serait la chose qui permettrait au pays devenir le modèle en Afrique à travers son potentiel de développement qui est colossal. On aura des soutiens qui vont venir de partout.
Un mot à l’endroit de ceux qui prédisent votre échec dans vos démarches
Je dis à ces personnes-là que moi je suis avant tout un croyant et que j’ai subi beaucoup d’échecs même dans le ring de boxe, mais toujours j’ai cherché à me relever et finalement, c’est moi qui gagne toujours à la fin. Et donc moi, je ne crois pas que je vais perdre et d’ailleurs ce n’est pas mon échec. Ça me fait rire que des gens parlent de mon échec pour les guinéens, c’est un échec pour l’avenir de la Guinée. Donc, si des gens se réjouissent du fait que j’ai envie d’envoyer des gens autour d’une table pour qu’on trouve des solutions, si les gens estiment que ça c’est un échec, je trouve ça vraiment dommage, ça démontre le côté méchant du guinéen.
Votre mot de la fin
Dire à tous les guinéens et toutes les guinéennes que souvent on dit que l’espoir fait vivre, moi je pense qu’aujourd’hui, il faut croire en son avenir, à celui du pays et d’arrêter de croire que l’avenir c’est l’Europe, non ce n’est pas ailleurs, c’est ici et en tant qu’on dit que c’est ailleurs et qu’on va partir d’ici, on laissera ce pays entre les mains des gens qui ne vont pas le construire comme on a envie qu’il se construit. Donc, si on veut que ça change, il faut qu’on contribue effectivement au changement de ce pays en commençant à changer nous-mêmes.
Interview réalisée par Al Hassan DJIGUE