Les coups d’État militaires ne sont pas exclusivement un phénomène africain, contrairement ce que l’on affirme souvent. En réalité, ce mode opératoire a une histoire ancienne et a été utilisé comme un moyen d’accéder au pouvoir politique. Quelle que soit la méthode, l’objectif d’un coup d’État militaire est de remplacer le gouvernement en place par un nouveau gouvernement, qui peut être soit dirigé par des militaires, soit civil mais en faveur des militaires.
Le concept de coup d’état est aussi vieux que l’histoire humaine. Comme dans l’histoire politique des nations, tels que l’assassinat du jeune prince Smerdis dans la Grèce antique, l’assassinat de César à Rome par le général Brutus, le coup d’État du 18 Brumaire dirigé par le général Napoléon Bonaparte, ainsi que le coup d’État du 2 décembre 1851 orchestré par Louis-Napoléon Bonaparte, le coup d’état l’empire Mandingue par Mansa Sakoura. De manière plus contemporaine, l’Amérique latine et l’Afrique ont été témoins, à partir des années 1960, d’une série d’interventions militaires fréquentes dans le domaine politique. Dans les temps modernes, un coup d’État militaire se caractérise par la prise illégale et violente du pouvoir par l’armée ou une autorité politique soutenue par d’autres acteurs. Cet événement peut survenir soit de façon indépendante, soit avec la participation du peuple. Selon Holo, un coup d’État est défini comme « une violation des lois internes et une rupture soudaine et délibérée des règles juridiques concernant l’organisation et le fonctionnement des autorités établies dans un pays, la préservation des libertés publiques et le maintien de l’ordre sur le territoire. »
De 2020 à 2023, l’Afrique a connu plus de 7 coups d’État militaires, avec des pays tels que : la Guinée, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Soudan, le Tchad et le Gabon… Chaque coup d’État est justifié par une argumentation confuse, ce qui crée une situation de turbulence politique et institutionnelle dans la région. Ces événements montrent que l’Afrique est prise dans un cercle vicieux, où les changements de régime se produisent par des moyens non démocratiques, ce qui entrave le développement stable et la consolidation de l’État de droit sur le continent. Selon Bermeo, le coup d’État militaire est provoqué par les forces armées dans le but de changer les règles en vigueur et implique une intervention armée concertée. » Cette définition met en évidence la nature planifiée et intentionnelle de l’intervention militaire. Nous devons nous rappeler que les motivations des coups d’État militaires sont principalement influencées par les facteurs socio-économiques importants qui jouent un rôle dans leur occurrence, ainsi que par la tendance à les engendrer. Un environnement propice à l’émergence de tensions politiques et de mécontentements peut être créé par des inégalités sociales, la pauvreté et d’autres conditions économiques difficiles.
Les motivations des coups d’État militaires peuvent être motivées par de grandes inégalités économiques (mécontentement et déception) qui peuvent susciter des mouvements sociaux entre différentes classes sociales ou régions, ainsi que des sentiments d’insécurité et de théorisation. Lorsque les dirigeants appauvrissent leur population tout en orientant la richesse à leur propre profit, cela peut créer une colère qui peut être exploitée par des groupes cherchant à renverser le gouvernement. Une extrême pauvreté, le chômage et l’insécurité économique peuvent mener au chaos. Néanmoins, la corruption et la mauvaise gouvernance peuvent également engendrer des inégalités et la pauvreté. Dans le contexte actuel, un autre concept émerge sur la scène politique : au lieu du traditionnel coup d’État militaire, il y a également l’émergence du coup d’État constitutionnel (comme un troisième mandat présidentiel), qui peut servir de catalyseur à un coup d’État militaire. Ce type de coup d’État constitue l’une des justifications avancées par les militaires après avoir renversé le gouvernement civil en place.
Ibrahima CHERIF
