La période de grâce n’aura pas duré pour le gouvernement de Kassory. Il va d’ores et déjà être confronté à une grogne syndicale. Il n’est naturellement pas du goût de la société civile une augmentation du prix des produits pétroliers. En raison de l’effet drastique de celle-ci sur le coût de la vie, déterminé par un contexte économique difficile. La revendication sociale y trouve, toute sa légitimité et s’en assure une forte adhésion auprès des populations.
Du point de vue des acteurs sociaux, l’augmentation du prix du carburant à la pompe est « fantaisiste et unilatérale ». A l’évidence, c’en est pas un langage de trop, parce que toutes les fois, la question du prix du carburant a mobilisé le gouvernement et les syndicats. D’ailleurs, il semble se dire que le gouvernement se serait engagé, quelque temps auparavant, de garder intact le prix du carburant, même si les cours sur le marché international du marché fluctuait. Les syndicats tiennent là un très fort argument qui oppose au gouvernement l’obligation de revoir sa position. Au demeurant, les produits pétroliers représentent une importante part dans la chaîne des recettes de l’Etat.
D’ailleurs le gouvernement qualifie de « juste » l’augmentation. Le porte-parole du gouvernement soutient que rien que le mois de juin, l’Etat a perdu près de 180 milliards de francs parce qu’obligé de renoncer à des taxes pour subventionner le prix du carburant à la pompe. Ce qui en fait, est typique guinéen, il n’y a pas assez de pays où le gouvernement subventionne des produits autres que les denrées de première nécessité. Mais en même temps, le carburant est une importante denrée en Guinée puisque tout y lié. Notamment le transport. Et dans un pays, où il n’existe quasiment pas un réseau public de transport, la mobilité des personnes et des produits n’est pas exempte d’effets collatéraux d’une augmentation du prix de l’essence et du gazole.
Alors que des services comme le fond d’entretien routier ou le ministère des travaux publics, sont principalement financés par les retenues sur la vente du carburant, il s’avère que le réseau routier est d’une telle vétusté, que l’argument d’un renoncement à la subvention du prix du carburant au profit d’un prétendu investissement dans des projets de construction de routes, de rénovation de pistes rurales, est fort inaudible, parce que le constat est tout autre. Aussi, évoquer la relative différence des prix dans la sous-région pour justifier l’augmentation du prix du carburant, n’est pas tactique parce qu’au juste, il ne s’agit pas d’un même contexte socio-économique. Alors que depuis le début de cette année, le gouvernement vante une situation économique favorable, il est très compliqué au contrario, de s’émouvoir d’une situation de récession. En tout cas de la perception générale !
Les Puanteurs du Kabinet