Le 08 mars, cette journée internationale dédiée à la femme pour faire la promotion de ses droits et une rétrospective de la situation de cette gente, en Guinée, est très souvent mise à profit pour organiser des fêtes et octroyer des dons à celle-ci.
Une démarche désapprouvée par Mme Madina Daff,président de l’ONG « Forum des femmes de Guinée pour la paix ». Pour elle, cette journée devrait chaque année, être saisie par les autorités pour aider cette couche à être indépendante, construire des centres hospitaliers dans le pays profond pour réduire sa souffrance.
« Nous remercions le président de la transition le colonel Mamadi Doumbouya pour son intention. Son prédécesseur aussi a fait la même chose, il a placé son mandat sous l’égide de la femme, mais nous savons que mettre de l’argent à la disposition de la femme n’est pas la solution. Le coaching des femmes, c’est ça la solution. Quand je vois des femmes habillées en uniforme pour la journée internationale des droits des femmes, je dis que nous avons encore du chemin à faire. Parce que, nous avons des femmes qui sont dans les confins de la Guinée, qui marchent des kilomètres pour aller accoucher. C’est un droit pour la femme de sortir de chez elle dans moins de 5 minutes pour aller donner la vie. Moi, j’aurais souhaité que ce qu’on mette comme argent pour les uniformes et autres, que le 8 mars de chaque année soit une occasion pour l’État, pour le ministère de la promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables d’inaugurer les centres de santé dans les confins de la Guinée pour soulager la femme qui donne la vie. Nous savons que les premières pierres ont été posées tout le temps. C’est des centres de santé qu’il faut mettre dans les confins pour permettre à la femme de s’épanouir, c’est des garderies d’enfants qu’il faut mettre dans les confins pour permettre à cette femme rurale d’avoir le temps d’aller dans son champ. C’est des mesures d’accompagnement qu’il faut prendre pour permettre à celle qui fait ses gombos dans les confins de Lélouma pour ne pas que l’intermédiaire puisse gagner plus qu’elle qui produit. Voilà des questions essentielles à mon humble avis, qui méritent d’être analysées par l’appareil d’État au lieu de remettre l’argent. Je vais vous dire une chose, moi-même, je suis la fondatrice d’une ONG féminine depuis 12 ans maintenant, je vous assure quand vous mettez l’argent à la disposition des femmes, ça va dans la marmite. On dit il y a faillite, il n’y pas de faillite, elle on une charge qui est là. Elles doivent nourrir leurs familles, donc au lieu de mettre l’argent à leur disposition, il faut les coacher , mais des femmes rurales sont encore les plus à coacher, parce que c’est elle qui nourrie la population. Il faut accompagner ces femme dans la préparation de leurs terrains jusqu’à la vente, pour qu’elles puissent bénéficier de leurs sueurs. Puisqu’il y a déjà un pas, pourquoi ne pas aller vers ces femmes pour leur expliquer les rudiments de l’agriculture, les aider à créer des activités génératrices de revenu. Pourquoi importer le savon ? Pourquoi ne pas former les femmes dans ce sens. Les femmes qui font les arachides, pourquoi ne pas les aider à ce qu’elles modernisent cette patte pour qu’elle soit consommée aux États-Unis, en Angleterre et un peu partout », a-t-elle dit
Parlant de la cherté du prix des produits sur le marché, Madina Daff affirme que cette problématique est due à un facteur qui mérite d’être revu pour que les choses redeviennent normales. Elle a interpellé les autorités.
« Vous avez vu l’état de nos routes, le prix du transport d’un colis venant de l’aéroport est moins coûteux qu’un colis de nourriture venant de l’intérieur pour Conakry. Et, puisque quand tu paies l’argent à un certain niveau, il faut quand même que tu gagnes un peu, c’est un des facteurs très éminents de cette histoire de flambée de prix. Si ce facteur est bien géré, il y aura moins de problèmes par rapport à certaines choses. L’État doit accélérer le bitumage des routes, le désenclavement des femmes à l’interne de la Guinée profonde. Bon ils sont déjà là-dessus, mais nous souhaitons que ce ne soient seulement des simples slogans », a-t-elle souligné au cours d’un entretien.
Mama Adama Sylla