Pendant que le porte-parole du gouvernement déclare que l’accès à internet n’est pas un droit, des voix s’élèvent pour rappeler que cet outil est dorénavant indispensable dans la vie de l’homme.
Comme de nombreux États et organisations à travers le monde, le président de la Ligue pour les Droits et la Démocratie en Afrique reconnaît également que l’internet est devenu une nécessité pour tous.
« Je suis parfaitement d’accord avec cette position qui consiste à considérer l’internet comme un droit, en ce sens que l’internet contribue largement au progrès des sciences et au développement économique des États. L’internet est aujourd’hui un vecteur essentiel du développement de l’éducation, de la santé et des autres secteurs vitaux du développement national », a tout d’abord précisé Mamady Kaba, lors d’un entretien accordé à notre rédaction ce jeudi 1er février 2024.
À en croire l’activiste, « aucune nation ne peut se passer de l’internet et espérer s’inscrire dans la dynamique du développement durable ».
Toutefois, il précise qu’il est impérieux d’encadrer son utilisation pour éviter des actes susceptibles de mettre en péril la stabilité des institutions démocratiques, ainsi que la sécurité des personnes et de leurs biens.
Mamady Kaba dit être préoccupé par la restriction liée à l’utilisation de l’internet dans le pays. Pour lui, ceci expose les difficultés de l’Etat à réaliser ses obligations en matière de protection et de promotion des droits civils et politiques.
« L’exercice de ces droits est soumis à des épreuves liées au déficit de civisme qui persiste dans le pays et qui sont intimement liées aux conséquences de la rupture brutale d’avec l’ancienne puissance coloniale. Depuis, le pays est tombé dans un cercle vicieux : les populations, dans la jouissance de leurs droits traitent les forces de défense et de sécurité en ennemis et vis versa, faisant régulièrement des morts, des blessés et des dégâts matériels. À ces défis récurrents se greffent un autre, extrêmement préoccupant : la sécurité de l’Etat et des populations par le biais de la menace terroriste. Cette situation complexe pose deux problématiques :
– comment concilier l’impérieuse nécessite de préserver la stabilité du pays et les obligations de garantir le libre exercice des libertés publiques ?
– la solution finale passe-t-elle nécessairement par la restriction de certaines libertés ? Tout État démocratique se trouverait devant un dilemme face à de tels choix », poursuit le président de la LIDDA.
Mamady Kaba invite les autorités de la transition à être souples en ce qui concerne l’application de la loi et l’usage de la force légitime, tout en privilégiant le dialogue, le consensus et l’éducation civique.
« La Guinée a besoin d’unité nationale pour faire face aux défis sécuritaires extrêmement préoccupants et qui menacent dangereusement la sécurité des institutions républicaines, ainsi que la sécurité des populations et de leurs biens », a-t-il conseillé.
Le premier responsable de la Ligue pour les Droits et la Démocratie en Afrique exhorte également les acteurs de la vie nationale à faire preuve de responsabilité dans la jouissance de leurs droits.
Hadja Kadé Barry