Lors du passage de l’équipe du CNT à la prison civile de Mamou, le constat n’a pas été reluisant. Selon Me Mohamed Traoré qui a conduit la délégation, la prison de Mamou manque de personnels et d’infrastructures.
C’est vers 18h que cette équipe dirigée par Me Mohamed Traoré est arrivée dans l’enceinte de ladite prison. Après plus de quarante minutes de visite, le constat a été alarmant.
Selon cet ancien bâtonnier de Guinée, la prison de Mamou manque de personnels et d’infrastructures.
« Comme vous le savez nous sommes à Mamou dans le cadre de la célébration de l’An 1 du CNT. Cette célébration a prévu à ce que parmi nos activités nous nous rendions à la prison civile de Mamou. Et le constat que nous avons fait est le constat que nous faisons dans toutes les prisons en Guinée. Le problème de promiscuité, le mélange entre les personnes en détention provisoire et les personnes condamnées, la non séparation des mineurs et des adultes, des questions d’infrastructures. Nous nous sommes intéressés notamment à l’alimentation, aux questions de la santé des détenus. J’avoue que c’est une situation alarmante. Et vous savez que le ministre de la justice a fait récemment une tournée à l’intérieur du pays à l’occasion de laquelle il a visité certains établissements pénitentiaires. Nous nous sommes livrés au même exercice à Mamou ici. Comme je l’ai dit, le constat reste le même. Le personnel d’encadrement est insuffisant, les moyens sont inadéquats. Je pense il faut vraiment que l’Etat, quand je dis l’Etat, il ne s’agit pas que du gouvernement, il s’agit aussi du CNT de faire des efforts nécessaires ; parce que la question des conditions de détention des personnes en conflit avec la loi se situe dans le cadre des droits de l’homme aussi. Les droits de l’homme se vérifient aussi par la manière dont les personnes détenues vivent dans les lieux de détention. Et sur le plan-là, la Guinée a vraiment du chemin à faire. Et je pense qu’il faut encore une fois prendre cette affaire à bras le corps afin que les solutions idoines soient prises. », a fait remarquer Me Mohamed Traoré.
Même si la maison carcérale de Mamou ne répond pas aux normes, Me Mohamed Traoré se réjouit du travail des magistrats.
« Ici peut-être la particularité, c’est que au moins il y a moins de personnes en détention provisoire que de personnes condamnées. L’essentiel des détenus, ce sont des personnes qui sont déjà passés devant le juge et qui ont été condamnées. Dans d’autres prisons, il y a une égalité entre le nombre de personnes en attente de jugement et le nombre de personnes condamnées. Par exemple à la maison centrale de Conakry il y a plus de personnes en détention provisoire que de personnes condamnées. A Mamou, je crois savoir qu’il y a un effort qui est en train d’être fait par les magistrats », a-t-il ajouté.
Le procureur de la république près le tribunal de première instance de Mamou n’est pas resté muet sur les difficultés qu’il rencontre.
Souleymane Kouyaté a fait état des problèmes qu’il rencontre.
« Tout notre problème ici, c’est au niveau des condamnés. Nous avons à peu près plus de 170 condamnées ici sur les 193 personnes. D’autres sont condamnées à trente ans, vingt-ans de prison. Il y a des cas de malades. Et l’infirmier a démissionné. De fois, nous les referons à l’hôpital régional où nous payons même les frais de traitement. Mais ce sont nos frères. Ça ne nous gêne pas. Et nous allons toujours continuer à le faire. Imaginer que les deux-cent personnes soient laissées à l’abandon. Sans soins, le procureur ne va pas s’en sortir. Donc c’est pour cela nous faisons un effort chaque fois pour subvenir à quelques besoins en fonction de nos possibilités. Donc les problèmes sont entiers. Dieu merci le CNT nous a apportés des produits et des savons, nous nous allons nous engager à déférer ces cas de malades devant les hôpitaux. Nous allons aussi nous atteler auprès de notre hiérarchie afin que le problème d’eau soit réglé définitivement. Vous savez nous avons deux forages ici. Mais le premier forage est déjà affecté dans sa nappe du sous-sol. Celui-ci est en panne. On nous demande huit millions GNF. Nous avons demandé bon nombre d’administrateurs et d’ONG afin de le réparer. Et nous continuons toujours les plaidoyers. Et nous demandons aux membres du CNT de nous aider auprès de la hiérarchie. », a lancé Souleymane Kouyaté.
Alpha Mamoudou Barry