Le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) contre Vladimir POUTINE pour crime de guerre commis dans les territoires Ukrainiens est une décision historique qui relance le débat sur la justice pénale internationale et les ressorts politiques qui la sous-tendent ! Une question largement abordée par Me Sidiki KABA, président d’honneur de la FIDH dans son livre « La Justice internationale en question». Dans cet outrage très enrichissant, Me Sidiki KABA se pose des questions essentielles à savoir :La justice des justices pénales internationales satisfait-elle l’exigence de justice des justiciables du monde ? Ces justices favorisent-elles la construction de la paix malgré les rapports de puissance ? Nous acheminent-elles vers la concrétisation de cette justice universelle? Voilà autant de questions qui continuent à susciter le débat entre les spécialistes du droit pénal international.
Pour ma part, je rejoins ceux qui ont une position réaliste de la justice pénale internationale qui louent ses fonctions préventive et dissuasive face aux violations massives du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire tout en s’interrogeant sur les contours politiques qui guident les poursuites devant cette juridiction.
Faut-il déjà rappeler que ni la Russie ni l’Ukraine ne sont parties au Statut de Rome sur la CPI même si l’Ukraine déclare maintenant reconnaître la compétence de la Cour sur les crimes commis sur son territoire. Quelle marge de manœuvre dispose la Cour pour l’exécution d’un tel mandat ? Qu’est ce qui explique l’absence des poursuites judiciaires par la Cour contre les acteurs majeurs cités dans les crimes commis en Irak, en Afghanistan ou encore en Libye tel que les anciens présidents Georges BUSH et Nicolas Sarkozy ? Loin de m’inscrire dans une logique de défendre Vladimir POUTINE qui en violation de plusieurs principes du droit international a attaqué le peuple Ukrainien. Mais, voilà autant de questions qui continuent à susciter le débat sur le niveau d’indépendance de la Cour qui selon certains reste fortement influencée par des luttes géostratégiques entre les États puissants.
Ainsi donc, pour satisfaire à l’exigence d’une justice des justiciables du monde, la Cour pénale internationale (CPI) a du chemin encore pour démontrer son indépendance vis-à -vis de ces influences qui viennent la tirer vers le bas.
Les efforts de la Cour sont louables, mais les défis restent encore immenses. L’espoir est permis.
Alseny SALL, militant des droits humains