Vampiriser l’Etat, cannibaliser la nation, prendre en otage le président de la République, avec la culture à outrance du copinage et de l’amateurisme, sont entre autres héritages que nous a légués le régime de Lansana Conté, nous rappelaient en 2010 notre confrère ‘’L’oeildeguineeactu’’.
Et le nouvel élu du peuple à l’époque Alpha Condé, pour rassurer le peuple escroqué durant 24 ans, a promis une rupture totale avec les habitudes du passé. N’a-t-il pas lancé, à l’époque : « le peuple veut le changement, et par conséquent, nous ferons le changement. Je ne fais pas de sentiments. Je commencerai par ma famille. » ?
Et d’expliquer pour les plus sceptiques : « Les gens commencent déjà à dire que le Président ne m’a pas reçu, que le Président ne m’a pas reçu, nous ne sommes plus en période de campagne, il faut que l’on apprenne déjà les bonnes habitudes. Après la prestation de serment, l’Etat fonctionnera comme ça se doit. Je me suis battu pour le changement. Alors, il ne faut pas que chacun dise, moi je veux être ministre, moi je veux être secrétaire général. Je n’ai demandé à personne de composer un gouvernement, je n’ai demandé à personne de promettre un poste, je n’ai demandé à personne d’aller voir des commerçants pour soutirer de l’argent. J’ai dit à ma femme que je ne lui permets pas que quelqu’un lui téléphone pour dire que je veux parler à Alpha. Non, ce n’est pas son rôle, il y a un protocole pour cela. J’ai aussi dit à sa famille que ma femme, c’est pour des affaires domestiques, elle peut s’occuper des affaires sociales. Mais que quelqu’un ne se trompe pas pour lui donner un dossier pour dire, va donner ça à ton mari, parce que s’il le fait; ce sera preuve de divorce.»
Parmi les maux contre lesquels il avait juré de sévir, figurait en bonne place »l’enrichissement illicite des agents de l’Etat. »
Hélas ! Aujourd’hui, le constat est tout autre. Les anciennes pratiques sont plus qu’hier, érigées en normes de gestion. Marchés publics passés dans des conditions obscures qui ne profitent qu’à ceux qui les passent, sortie massive d’argent des caisses de la BCRG, imposition du système de pot-de-vin pour accélérer des dossiers d’investissement, surfacturation des projets publics.
Ainsi on se demande où est passée la promesse de changement prôné qui visait en gros, la moralisation de la gestion publique.
Des agents de l’Etat procèdent à des transferts de capitaux sur leurs comptes sans contrôle, construisent des immeubles à tout bout de champs à Conakry comme à l’intérieur du pays, achètent des demeures au Sénégal, au Maroc, en Europe et aux États Unis.
Pendant ce temps, aucun cadre de l’Etat depuis 2010, n’a été effrayé par une quelconque sanction suite à des cas avérés de détournements de biens publics.
L’explication de tout cela se résume dans l’absence de volonté de la plus haute autorité à doter l’Etat des instruments de lutte et de répression de cette délinquance économique qui nuit au processus de développement économique qui soit bénéfique à tous les citoyens.
Le Comité National de lutte contre la Corruption, rattaché à la présidence de la République n’existe que de nom.
Outre que ses membres n’ont jamais pu rencontrer le président de la république, ils sont logés dans un des bâtiments les plus délabrés de l’administration.
Bref, une institution sans aucun moyen d’investigation et de répression de la corruption en Guinée. Les salaires, on n’en parle pas car ça n’existe presque pas pour eux.
Qu’en est-il de la fameuse cour des comptes?
A sa tête, quelqu’un qui est fraîchement sorti d’une gestion financière calamiteuse et douteuse au vu des biens qu’il a accumulés et des maigres résultats laissés. L’institution elle-même peine à démarrer ses activités on ne sait pour quelles raisons.
Apparemment la cité idéale qu’on a fait miroiter au peuple désespéré, voici six ans, n’est pas encore à portée de main.
Seuls ceux d’en haut se servent, en se servant de ceux qui les ont mis là, » LE PEUPLE ».
Même si nous sommes désormais convaincus que personne ne craint l’épée de l’homme aux mains propres, que chacun peut faire ce qu’il veut dans la gestion du patrimoine commun, il ne faudrait plus qu’on cautionne cette conspiration contre le peuple en laissant ces vols de masse sous anonymat.
C’est pour cela qu’une équipe de gens avertis se préparent à sortir bientôt, une publication dénommée » Biens Mal Acquis en Guinée », images des dits biens mal acquis, identités des propriétaires, etc…
Le coup de la troisième dynamique.
Mamadou Oury DIALLO mosaiqueguinee.com